J’avais, ici-même, salué l’humour saoudien qui, à l’époque, avait annoncé la création, à l’initiative de l’Arabie saoudite, d’une coalition de 34 pays musulmans pour lutter contre… le terrorisme, sous-entendu islamiste. Elle était bien bonne, mais il faut reconnaître que le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (« MBS » pour les journalistes), a trouvé son maître : Recep Tayyip Erdogan. Le président turc, en lançant une opération militaire appelée « rameau d’olivier » dans la zone d’Afrin, au Nord-ouest de la Syrie, zone sous contrôle des YPG Kurdes (branche militaire du PYD, version syrienne du PKK kurde actif en Turquie) fait preuve d’un sens de l’humour aussi cynique qu’écrasant. Il fait également preuve d’une sidérante forme d’honnêteté, en laissant à comprendre, par le nom même de l’opération militaire qu’il a donc lancée à Afrin que pour lui, la paix, cette paix que symbolise le rameau d’olivier, ne se conçoit que sur des champs couverts d’ennemis morts… Ce que cachent les gesticulations d’Erdogan
Mais ledit « rameau d’olivier » symbolise aussi, comme tout cache-sexe, ce qu’il dissimule. Et, derrière l’aventure militaire turque voulue en Syrie par la mégalomanie, l’irresponsabilité et la haine-peur obsessionnelle d’Erdogan envers les Kurdes (les 15 millions de Kurdes turcs, et les Kurdes syriens, lesquels, en prenant leur liberté à l’occasion du conflit syrien, pourraient emmener les premiers avec eux vers un grand Kurdistan indépendant, en amputant la Turquie d’une partie de son territoire), se cache une autre partie, jouée à la fois par Poutine et Bachar al-Assad, partie dans laquelle le président turc pourrait n’être que « l’idiot utile » – consentant ou non – de joueurs bien plus forts que lui.