Ronnie Biggs --simple exécutant lors de l'attaque mythique du train postal Glasgow-Londres en 1963-- a tiré sa révérence mercredi à 84 ans dans une paisible maison de retraite londonienne, auréolé d'une légende forgée en 36 ans de cavale époustouflante. [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
«C'était un imbécile. Un petit voyou londonien dont personne ne voulait dans l'équipe, parce qu'il était le maillon faible», a proféré en guise d'oraison funèbre l'un de ses biographes, Anthony Delano.
«Je suis fier d'avoir appartenu au groupe. Je suis tout aussi heureux d'être présenté comme le +sous-fifre+ ou comme +le cerveau+», professait pour sa part Biggs en août dernier. Fortement diminué mais plus provocateur que jamais, à l'occasion du cinquantième anniversaire du «hold-up du siècle», qui a inspiré quantité de livres et de films.
Le «groupe» en question, un ramassis hétéroclite d'une quinzaine d'hommes emmené par Bruce Reynolds et comptant notamment un pilote de course et un fleuriste, s'est illustré dans la nuit du 7 au 8 août 1963.
Le gang a stoppé le train postal parti d’Écosse sur un pont après avoir trafiqué un feu rouge, a battu à coups de barre de fer le conducteur, et s'est emparé de 120 sacs de billets de banque représentant un butin record de 2,6 millions de livres, l'équivalent d'environ 54 millions d'euros de nos jours.
Biggs aurait dû passer le reste de ses jours en prison, condamné à la peine maximale dans le lot de neuf complices ayant écopé de 25 à 30 ans.
Au lieu de cela, il se fait spectaculairement la belle en 1965, en sautant sur un matelas disposé à l'arrière d'un camion bâché.
Commence une cavale en forme d'épopée de 13.068 jours.
Après un bref passage en Belgique, il change de visage en France, à la faveur d'une opération de chirurgie esthétique.
Le nouveau play-boy à rouflaquettes repéré par Scotland Yard en Espagne, s'enfuit en Australie puis gagne le continent sud-américain, traverse la jungle jusqu'en Argentine et en Bolivie.
Il échoue au Brésil en 1970. Dans une interview à la BBC, le fugitif racontera «avoir grillé sa part du butin --147.000 livres-- en trois ans».
En 1974, la police retrouve sa trace à Rio mais Biggs, père d'un fils né au Brésil, ne peut être extradé.
Il est tellement conscient de son immunité, dans sa maison sur les hauteurs de Rio, qu'il se transforme en attraction touristique.
«Ronnie» vend des T-shirts et des mugs à son effigie, reçoit des visiteurs payants, à qui il raconte ad nauseam l'attaque du train postal.
Pour arrondir ses fins de mois, il participe aussi à plusieurs campagnes publicitaires et enregistre un tube avec le sulfureux groupe punk des Sex Pistols : «No one is innocent» («Personne n'est innocent»).
Sur une vidéo amateur, on le voit sabler le champagne, coiffé d'un faux casque de bobby, un souvenir en plastique pour touristes.
En 1981, une bande de mercenaires le kidnappe. L'objectif est de le rapatrier en Grande-Bretagne. Bâillonné, ligoté, enfermé dans un sac portant la mention «serpent vivant», il est transporté par bateau vers l'île de la Barbade.
Mais la demande d'extradition échoue pour vice de forme. La justice de la Barbade ordonne son renvoi au Brésil.
C'est finalement de son plein gré, affaibli par plusieurs attaques cérébrales et ruiné que Biggs décide de rentrer en Grande-Bretagne en 2001, afin d'y purger sa peine.
Le tabloïd The Sun paye son rapatriement en avion charter, comme s'il s'agissait d'un héros.
Huit ans plus tard, Biggs est remis en liberté «compassionnelle» pour raisons de santé.
Contraint de se déplacer en fauteuil roulant et à s'alimenter au moyen d'une sonde. Il a perdu l'usage de la parole et s'exprime en désignant du doigt des lettres de l'alphabet, sur une tablette.
Lors d'une de ses dernière apparitions en public en 2011, le vieillard à qui on demande comment il voudrait rester dans l'histoire, pointe sur son alphabet: «comme un adorable voyou».
Le juge qui l'a condamné à 30 ans de prison voyait en lui et en ses complices des individus sans scrupules «poussés par le lucre».
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Et oui une légende, avec un hold-up ou lance roquette, ou uzi, n'étaient pas de mise, et un code d'honneur des truands existait. Une comédie "le cerveau" est inspirée de ce fait d'actualité.