eux camphriers gardent l'entrée du Sannō-Jinja, un sanctuaire situé à 900 m du site de bombardement atomique sur Nagasaki. La chaleur et les débris de l'explosion ont dépouillé l'arbre de ses feuilles et fendu le tronc en deux. Considérés morts à l'époque, de nouveaux bourgeons avaient émergé de leurs branches écorchées dans les mois suivant le cataclysme. Aujourd'hui, les arbres se dressent tels des monuments naturels et vivants à la mémoire du bombardement.
PHOTOGRAPHIE DE HIROKI KOBAYASHI
Il y a 78 ans, à 11h02 le matin du 9 août 1945, une bombe nucléaire était larguée sur la ville japonaise de Nagasaki. À cet instant précis, Kazumi Yamada, jeune livreur de journaux alors âgé de 12 ans, finissait sa tournée et s'apprêtait à rentrer chez lui. Plus tôt ce matin-là, ses amis étaient allés nager dans un trou d'eau voisin, mais Yamada avait du travail et ne s'était pas joint à eux. Il a survécu au bombardement de Nagasaki ; ses amis sont morts de leurs blessures peu de temps après.
Un choix aussi banal, nager avec ses amis ou livrer des journaux, ne relève en rien d'une décision de vie ou de mort et pourtant, ce jour-là, c'en était une. Les témoignages du 9 août 1945 à Nagasaki regorgent d'histoires similaires, de vies épargnées de justesse, de coups du sort ayant entraîné la destruction d'un port japonais qui a failli ne jamais être le site de la seconde et dernière attaque nucléaire de l'histoire de l'humanité.
Les aiguilles de cette montre de poche retrouvée à Nagasaki sont restées figées à 11 h 02 du matin, l'heure de l'explosion nucléaire à Nagasaki le 9 août 1945.
PHOTOGRAPHIE DE HIROKI KOBAYASHI
CHOIX DE LA CIBLE
Au printemps 1945, l'armée des États-Unis étudiait plusieurs cibles pour le premier déploiement de la bombe atomique à l'été de la même année. Entre avril et juin, les chefs militaires avaient dressé une longue liste des villes japonaises satisfaisant trois critères : premièrement, la taille, plus de 5 km de diamètre avec une population conséquente ; deuxièmement, une « valeur stratégique élevée », motivée par la présence d'installations militaires ; et troisièmement, elles devaient avoir échappé à la série de bombardements incendiaires menée par les États-Unis dès le mois de mars 1945.
Parmi la poignée de villes qui remplissaient ces critères figuraient Kyoto, Hiroshima, Kokura et Niigata. Fin mai 1945, ces villes étaient devenues les finalistes de cette triste liste, avec Kyoto et Hiroshima comme cibles prioritaires. Les B-29 américains avaient pour ordre de ne pas larguer de bombes incendiaires sur ces deux zones et pour cause, une ville intacte serait une bien meilleure démonstration de la puissance destructrice des bombes atomiques.