… Cette carte du monde établie après le voyage du navigateur Portugais Fernand de Magellan, est différente de celle qui avait été précédemment établie, avant que les cinq navires de l’expédition ne parviennent, en suivant la côte Atlantique Brésilienne depuis la baie de Rio de Janeiro, à l’estuaire du Rio de la Plata, estuaire le plus vaste de la planète, situé entre le nord de l’Argentine (Buenos Aires) et l’Uruguay…
En effet, avant 1520, le monde connu de l’époque, dont il avait été établi une carte ; au niveau d’à peu près Sao Paulo, s’arrêtait « Terra incognita »… Et personne encore au Portugal et en Espagne et en Europe au début du 16 ème siècle, n’avait la moindre idée de l’étendue de ce que Fernand de Magellan appellera le Pacifique, car les navigateurs Portugais avant le 16 ème siècle, ne s’étaient aventurés en traversant l’océan Indien depuis le Cap de Bonne Espérance à l’extrémité de l’Afrique du Sud (appelé alors « Cap des Tempêtes ») que jusqu’en Indonésie, Malaisie, Nouvelle Guinée (mais jamais au-delà)…
Aussi, au-delà de l’Indonésie, la « ligne de partage du monde » entre le Royaume de Portugal et l’Empire Espagnol, selon le traité de Tordesillas (1494) était-elle imprécise, difficile à déterminer…
Au départ de Séville, en suivant le fleuve Guadalquivir sur 100 kilomètres avant d’atteindre la mer, le 20 septembre 1519, le projet de Magellan était d’atteindre les Moluques par l’Ouest en traversant l’Atlantique et en trouvant un passage au sud de l’Amérique, donnant sur « l’autre côté » et donc, vers les Moluques, un archiplel situé à l’est de l’Indonésie, « supposé » se trouver avant la ligne de partage, donc en partie du monde dévolue à la Couronne d’Espagne…
Mais en réalité les Moluques se trouvent comprises entre 125 et 130 degrés de longitude Est, mais par rapport au méridien de Greenwich actuel car en 1520, le méridien de référence était la ligne de partage par le milieu de l’Atlantique, de telle sorte, que les Moluques par rapport à ce méridien se trouvaient à une longitude est, de 155 à 160 degrés ; c’est à dire avant la ligne de partage représentant l’« anti méridien » de 180 degrés , donc bel et bien en territoire dévolu au Royaume de Portugal selon le traité de Tordesillas…
Magellan par la suite au cours de la traversée du Pacifique, au vu et au su de la distance parcourue, qui était mesurée avec les instruments de bord, s’est de lui-même rendu compte, qu’après avoir passé l’île de Guam, bien avant d’arriver en Indonésie, cet archipel des Moluques (seul endroit de la planète où poussait le clou de girofle, une épice très prisée) était situé dans la partie du monde dévolue au Portugal…
Lorsque les cinq navires de l’expédition sont arrivés au niveau de l’estuaire du Rio de la Plata, vu l’immensité de la baie et de l’estuaire, et du fait que l’eau était salée (dans la baie et à l’embouchure donnant sur l’océan, du Rio de la Plata), Magellan pensait qu’un passage s’ouvrait vers « l’autre côté », et cela d’autant plus que la baie du Rio de la Plata se trouve à peu près à la même latitude (35 degrés sud), que l’extrémité de l’Afrique du Sud…
Mais l’exploration de la baie, de l’embouchure, de la largeur du fleuve vers l’ouest, ont révélé qu’à partir d’une certaine distance, le passage se rétrécissait brusquement et se perdait en un cours d’eau remontant , au nord entre l’Argentine et l’Uruguay vers le Brésil, dans la plaine tropicale à végétation dense… D’où la pousuite de la navigation le long de la côte de l’Amérique du Sud, dans l’inconnu total…
La relation détaillée, jour après jour, établie par Antonio Pigaletta, qui est « tout autre chose » qu’un journal de bord, mais un récit littéraire et documentaire, montre bien l’importance que peut avoir un écrivain « témoin de son temps »… Le livre, de plus de mille pages, fait référence dans le monde. Antonio Pigaletta fut l’un des 18 survivants de l’expédition sur l’Elcano, le seul navire ayant pu revenir à son port d’origine, à Séville, le 6 septembre 1522…
Au départ, le 20 septembre 1519, l’équipage était de 237 hommes de divers pays européens ; et l’inventaire des provisions et fournitures, dressé avant le départ des cinq navires, est « assez impressionnant », compte tenu de la capacité des soutes et des cales des navires et du fait que ces 237 hommes devaient vivre dans une proximité sans aucun confort, à même le plancher des ponts et entreponts, sans bancs ni tables ni meubles et sans hygiène (il y avait plus de vin en barriques que d’eau potable)…
Cette écriture de moi, aussi immense, je la résume par mon visage et par mon regard