Entre Durance et Luberon, le village perché d'Ansouis se dore paresseusement au soleil, à l'ombre du prestigieux château des Sabran-Pontevès, l'un des trois grands noms du Luberon.
Le nom
Les plus fantaisistes y voient une déformation d'un sosciis, les "meurtrières" en latin. Les plus observateurs remarquent que le bourg situé sur une éminence, et que cela correspond au sens de la racine ligure ant-.
Les gens
Sans mettre en doute leur piété et leur aptitude à la sainteté, on peut penser que les 1.033 Ansouisiens ne partagent pas tous la vertu ni surtout la remarquable précocité d'Elzéar de Sabran qui, dès son plus jeune âge, par souci de mortification, refusait le lait de sa nourrice le vendredi!
Demeure de la lignée des Sabran-Pontevès, dont chaque génération s'est plus, au cous des siècles, à embellir le patrimoine, c'est à la fois une forteresse (ce qu'elle fut à l'origine, au XIIe siècle, lorsque les barons d'Ansouis l'ont élevée) et une habitation de plaisance, depuis les remaniements effectués aux XVIIe et XVIIIe siècles, en particulier dans la partie sud. Une vaste esplanade plantée de marronniers conduit à la façade de pierres dorées, aussi monumentale qu'harmonieuse. Des "pointes de diamants" agrémentent le portail d'entrée que surmontent les armes des Sabran. Par l'escalier d'honneur (au risque de rater une marche, jetez un coup d'oeil sur la voûte), on accède à la salle à manger décorée de tapisseries flamandes. Un luxueux salon Charles X permet d'accéder à la chambre de saint Elzéar et sainte Delphine de Sabran où sont rassemblés des souvenirs de ces deux bienheureux. Enfin, dans la cuisine, les cuivres étincellent.
Elle a été édifiée au XIIIe siècle sur la première enceinte fortifiée du château: d'où les meurtrières étroites du mur sud qui paraissent plus adaptées à un usage militaire que religieux...
Le monde sous-marin sur les contreforts du Luberon? Pourquoi pas puisque, dans les temps (très) reculés, la mer recouvrait la région. Dans les caves voûtées de cette ancienne bâtisse, une "grotte marine" baignée d'une lumière bleutée et éclairée de vitraux, a été aménagée: c'est la grotte bleue aux coraux, point d'orgue de la visite. Sont également exposés les tableaux et céramiques de Georges Mazoyer, peintre, céramiste et créateur de vitraux, que sa passion pour la plongée sous-marine a conduit à réunir cette étrange collection.
Cette propriété viticole abrite un agréable musée où sont exposés plus de trois mille objets et outils du XVIe siècle à nos jours, souvent fort beaux, parfois inattendus, tous relatifs à la viticulture, à la vinification et aux activités annexes (comme la tonnellerie, présente dans un atelier 1900 reconstitué). Le château appartient à la même famille depuis des générations: au début du XIXe siècle, Louis Turcan, pharmacien à Pertuis, fut l'un des premiers à planter des vignes sur les terres d'Ansouis et à produire lui-même son vin.