"Ils l'ont frappé avec une grosse bûche (...) j'entendais ses os craquer". Dans son foyer pour personnes âgées, Debbie Turner raconte d'une petite voix la lente agonie de son mari, battu à mort sous ses yeux dans leur ferme isolée d'Afrique du Sud.
Victime de deux agresseurs noirs, Robert "Oki" Turner, un agriculteur blanc de 66 ans, a rejoint il y a six mois la longue liste des victimes de l'un des nombreux legs empoisonnés de l'apartheid: les "meurtres de ferme".
Un quart de siècle après la chute du régime ségrégationniste, il renvoie à la "nation arc-en-ciel" rêvée par Nelson Mandela l'image inquiétante d'une nation malade de la violence, des ratés économiques et de ses divisions raciales.