Aujourd’hui on part au Japon ! Pourquoi un tel voyage, me direz-vous ? Eh bien si je prends mes distances c’est pour mieux vous parler d’un sujet trivial et pour le moins tabou : un truc un peu scato… Ça se passe vers la fin de l’ère Edo, aux alentours du XIXe siècle, et le sujet du jour est une œuvre d’art qui dénombre à elle seule pas moins de 37 paires de fesses !
Allez, j’arrête de louvoyer, et j’en viens directement aux faits. Je vais vous parler du He-gassen (屁合戦), ou comme on dirait chez nous « Bataille de pets », une histoire qui flaire l’univers rabelaisien. Vous avez bien lu, nous allons parler de flatulences parce que j’ai découvert qu’elles font partie intégrante de l’art, des mythes et de la culture japonaise du XVIIe au XIXe siècle.
Mais d’abord, replaçons rapidement cette œuvre grandiose dans son contexte, celui de l’époque d’Edo, qui s’étend de 1603 à 1867 et est considérée comme l’âge d’or des arts japonais.
En ces temps-là, dans la ville d’Edo (actuelle Tokyo) règne le shogunat Tokugawa. En japonais, shôgun signifie « général », et c’est le nom qu’on donnait aux différents gouvernants qui, depuis le XIIe siècle, face à l’incapacité de l’empereur à gérer les affaires du pays, ont pris en main le pouvoir militaire sur l’archipel. Ils s’installent donc à Edo, en marge de la capitale impériale qui était Kyoto, et de là ils maintiennent un certain équilibre social en fermant complètement le Japon aux échanges extérieurs. C’est une période de suspicion et de rejet des puissances européennes. Il faut dire qu’elles se font de plus en plus présentes sur l’île et tentent d’importer leurs cultures et leurs techniques (surtout les Jésuites et les Hollandais). Le christianisme y est d’ailleurs réprimé dans le sang et le néo-confucianisme devient la religion officielle. Les shoguns Tokugawa mettent ainsi en place un système politique féodal dans lequel les feudataires, les nobles de cour et les samouraïs sont au sommet de la hiérarchie, tandis que le petit peuple souffre de la faim et d’une pauvreté endémique.
C’est au sein de la bourgeoisie hédoniste et dilettante d’Edo, au train de vie dispendieux et avide de divertissements, que se développe un véritable foisonnement culturel.
Ah Pestoune, tu as l'art de nous dénicher des sujets vraiment peu ordinaires, on en apprend tous les jours.
j'ai apprécie la lecture de l'article et me suis instruite sur l'histoire des pets. Il va falloir que je parle de cela avec ma belle fille, rien que pour voir sa réaction.