Eté 1789
La Révolution était en marche depuis mai 1789.
Les Etats généraux étaient devenus l’Assemblée Nationale Constituante
La Bastille était tombée, symbolisant la chute de l’ancien régime
Partout une révolution municipale avait imposé des conseils municipaux de patriotes (terme de l’époque pour désigner les révolutionnaires)
Mais l’été est aussi agité par ce que l’on appelle La Grande Peur.
A la base, des rumeurs
On dit qu'il y aurait des troupes de brigands qui voudraient prendre les récoltes
On dit que des mercenaires payés par les nobles voudraient mettre feu aux récoltes pour affamer le peuple, en représailles de la prise de la Bastille
On dit, près des frontières, que des troupes étrangères poussées par les nobles préparent l'invasion (ici les Anglais, là les Savoyards)
La rumeur se diffuse sur le territoire
On y croit d'autant plus ces rumeurs jouent sur les fantasmes ancestraux des campagnes
tout en rencontrant les peurs immédiates (et justifiées) de risque de contre révolution
Or les récoltes de 1789 sont cruciales, tant la soudure est dure après les mauvaises récoltes de 88, le pain cher, les estomacs vides
Les communautés d'habitants s'organisent en milice d'auto défense s'arment, cachent femmes et enfants.
Comme rien ne se passe, point de brigands ni d’invasion, parfois, la fièvre retombe…
Mais à d’autres endroits, les paysans en armes se portent contre les châteaux des seigneurs
Le plus souvent, ils se contentent de récupérer les terriers (soit les textes qui fixaient les droits seigneuriaux) et les font bruler !
Les paysans en profitent aussi pour s’emparer du droit de chasse qui leur était interdit et font des razzias dans les forêts seigneuriales
Suivies de sacré gueuletons !!
Mais avec ces violences antiseigneuriales, la grande peur paysanne devient la grande peur des possédants!
A Versailles, les députés imaginent les campagnes à feu et à sang ! il faut faire qq chose
Et la sous l’influence de qq nobles éclairés (vicomte de Noaille, duc d’Aiguillon not), ils choisissent de renoncer à leur privilèges ! Ce alors que les bourgeois du Tiers étaient plutôt portés sur la répression
A l’assemblée, dans la nuit du 4 aout, voici un clerc qui monte à la tribune pour renoncer à la dîme!
Un noble lui succède et renonce au droit de chasse. Un troisième réclame l’égalité devant l’impôt !
(un peu comme si là Bernard Arnault montait à l'hémicycle et rétablissait l'ISF!)
La rupture est majeure sur le coup comme en témoigne les gravures qui marquent l’événement
Construites en négatif des gravures pré révolutionnaire, elles marquent la fin de la société d’ordre et du régime féodal
Reste que dès les jours suivant, réveillés de leur nuit expiatoire, les députés sont un peu en mode gueule de bois : bordel mais qu’est-ce qu’on a fait ???
Aussi dans la semaine qui suit, qd ils rédigent les décrets d’application, ils vont assez en deçà de la nuit du 4 aout… veillant à bien protéger le droit de propriété (faut pas déconner non plus)
S’ils reconnaissent l’abolition des droits seigneuriaux qui portaient sur les personnes : la corvée, les banalités (droits de four, moulin) et la chasse
En revanche en bons propriétaires qu’ils sont, ils n’abolissent pas les droits seigneuriaux qui portaient sur la terre !
Cens, champart sont maintenus.
Alors certes, ils peuvent être rachetables, mais à un prix trop élevés pour les paysans….
Voilà qui déçoit lourdement dans les campagnes. Les paysans n’ayant de cesse de réclamer l’abolition de ces droits !
Ils l’obtiendront…. Mais en 1793 !
Qui plus est, le roi se refuse à signer les décrets de la nuit du 4 aout ! il ne le fera que sous la pression suite à la Marche des femmes, le 5 octobre 1789
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