J'ai choisi pour vous cette fois l’ancêtre du Tennis,
Bonne lecture !
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]A la grande époque de l’ancêtre du tennis, le plus grand champion s’appelle Masson. En avril 1767, il part à Londres défier le n° 1 anglais.
C’est un duel au sommet. « The Big Match », s’enthousiasment les gazettes de Londres, impatientes de voir le virtuose français défier les stars anglaises du jeu de paume. Antoine-Henri Masson, le meilleur joueur du royaume, a accepté de relever le gant. Le vendredi 10 avril 1767 à 9 heures, la salle de Whitehall, au cœur de la capitale anglaise, ouvre ses portes. La rencontre contre l’Anglais Tompkins ne commencera que dans deux heures, mais déjà, l’excitation gagne la petite foule de spectateurs et de parieurs… Cent mille écus au total sont mis en jeu ! Moyennant une guinée le ticket, ils se pressent dans les galeries. Parmi eux, quelques Français, sorte de fan-club avant l’heure, ont traversé la Manche avec leur champion.
A 11 heures, élégamment vêtus de blanc, les joueurs font leur entrée sur le carreau. Il a été convenu que Masson commencerait chaque jeu avec un handicap de 15*. En clair, Tompkins, pourtant loin d’être un manchot, bénéficiera systématiquement d’une avance d’un point. Il faut dire que la réputation du Français a depuis longtemps dépassé les frontières de l’Hexagone. On dit même qu’il n’a pas de rival dans l’Europe. A 31 ans, ce Parisien est au sommet de son art, qu’il pratique depuis qu’il est haut comme trois pommes. Comme les bouchers, les tisserands et toutes les corporations, ce métier se transmet de père en fils.
Il gagne, même juché sur un âne !
Mais ce garçon-là n’est pas comme les autres. A 9 ans, le voilà déjà consacré maître paumier. Le jeune prodige ne cessera plus d’épater la galerie. « Dès sa jeunesse, il surpassa les virtuoses. Il fut d’abord cité comme un joueur merveilleux, qui n’avait pas eu d’égal et n’en aurait jamais », note Louis-Claude Bruyset de Manevieux, auteur en 1783 du « Traité sur la connaissance du royal jeu de paume ». Et le chroniqueur de vanter sa « légèreté », son « coup d’œil », ses coups « imprenables »… « Il était toujours partout ! » conclut-il, admiratif.
Et il n’est pas le seul. Dans son journal, le duc de Croÿ raconte comment les belles se pâmaient : « Nous allâmes ensuite à la paume voir jouer un jeune homme nommé Masson, qui gagnait tous les maîtres, et était charmant à voir jouer. Aussi les belles dames pariaient-elles bien pour lui. »
Sa dextérité est telle qu’il se produit devant le roi et dans des tournois d’exhibition, comme cette « chouette » où Masson affronte seul deux des plus redoutables joueurs du royaume, Clergé et Charrier, et les bat à Fontainebleau. Une autre fois, il gagne son match juché sur un âne déferré !
A Londres, c’est une autre paire de manches. Les deux joueurs frappent l’éteuf (la balle) comme des sourds, rivalisent de coups vicieux. Masson remporte les trois premiers sets. Il lui suffit d’un autre pour mater son adversaire mais le quatrième échoit à l’Anglais. Les deux bretteurs se retrouvent quelques jours plus tard pour finir le match. Tompkins remporte les deux sets suivants : trois partout. Le dernier set, décisif, sera finalement arraché par le Français. Une autre époque…!
* A la paume comme plus tard au tennis, les points se comptent en 15, 30, 40 et jeu.
Dix expressions qu'on doit a ce jeuSans oublier le nom même de « tennis », descendant de « tenetz » – cri lancé à l’adversaire avant de servir –, de nombreuses expressions sont issues du jeu de paume.
Epater la galerie… ou l’amuser . Les galeries, ce sont les espaces couverts où prenaient place les spectateurs, que les joueurs cherchaient à impressionner par leurs jolis coups.
Prendre la balle au bond. Savoir saisir la balle avant le rebond, c’est-à-dire à la volée, était un signe de dextérité. Par extension, l’expression va désigner la capacité à faire preuve d’opportunisme.
Enfants de la balle. Il s’agissait des fils de maîtres paumiers, mais aussi les jeunes comédiens et artistes du cirque qui avaient l’habitude de répéter dans les salles de paume.
Qui va à la chasse… perd sa place. La « chasse » était un point qui donnait la possibilité au joueur de changer de côté et de servir à son tour (le service s’effectuait toujours du même côté, le « dedans »).
Peloter. C’était jouer pour le plaisir, sans l’enjeu du match, ou pour s’échauffer… avant la rencontre !
Jeu de main, jeu de vilain. Jouée d’abord à mains nues, la paume se pratique dès la fin du Moyen Age avec une raquette. Les pauvres — les « vilains » — devaient pour la plupart s’en passer.
Rester sur le carreau. A l’origine, c’est une mosaïque de carreaux qui composait la surface de jeu. Rester sur le carreau signifiait alors tomber, puis par extension perdre.
Tomber à pic. Quand la balle tombait au pied du mur du fond, côté « dedans », elle marquait une « chasse pic ». Tomber à pic, c’était faire le bon point au bon moment.
Bisque bisque rage ! La bisque était une sorte de joker, un point gagnant que le joueur pouvait utiliser une fois dans la partie… de quoi faire enrager son adversaire.
Tripot. Le terme désignait la salle du jeu de paume, car on y « tripotait » la balle. Mais les paris, souvent clandestins, qui s’y tenaient ont contribué à leur mauvaise réputation.
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