BD : « Tokyo » de Joann Sfar, délirant... à l’excès [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] « Tokyo » de Joann Sfar, édition Dargaud, août 2012
Avec « Les Lumières de la France », on retrouvait le Joann Sfar un peu chien fou que l’on aimait tant à ses débuts, oubliant ses élucubrations judéo-philosophiques pour revenir à quelque chose de beaucoup plus léger et drôle, où les donzelles se faisaient joyeusement trousser tout en devisant avec les poissons.
Poussant encore plus loin dans cette direction, le bédéaste multifacettes nous livre aujourd’hui un objet étrange, mélangeant dessins et prises de vue réelles, dans lequel il balance en vrac et sans vergogne tout ce qui lui passe par la tête, par le cœur… et même un peu plus.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Extrait de « Tokyo » de Joann Sfar, éd. Dargaud, août 2012 (Joann Sfar/Dargaud)
Gros tatoués et filles en mini-shorts
Avec « Tokyo », il embarque le lecteur dans un univers foutraque et sans queue ni tête où se croisent des demoiselles au physique alléchant vêtues de tout petits shorts en cuir, des lions libidineux, des tigres joueurs de ukulélé, des crocodiles et autres monstres marins.
On croise aussi une banane génétiquement modifiée bien vicelarde et une dessinatrice de BD tout aussi chaude, un ex-militaire écorché et une présentatrice télé adepte du SM… Le tout baignant dans un grand bouillon « n’importe-quoitesque ».
Joann Sfar, à propos de sa bande dessinée « Tokyo »
Malheureusement, seules quelques bribes de trames scénaristiques survivent à tout ça. La BD aurait pu être une grande fresque trash, primale et jouissive, nourrie de baise et de baston, mais elle reste finalement un amoncellement de scènes sans réel lien entre elles… à part les éternelles obsessions de l’auteur.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Extrait de « Tokyo » de Joann Sfar, éd. Dargaud, août 2012 (Joann Sfar/Dargaud)
Une sorte de défouloir bordélique On aurait adoré suivre ces personnages dans un road movie endiablé peuplé de meufs à poil et de corps musclés. On a trop souvent l’impression d’être tombé sur de nouvelles pages d’un carnet intime de Sfar.
Du coup, derrière cet album qui se voudrait (se revendiquerait ?) bête et méchant, on découvre plutôt quelque chose de très personnel, une sorte de défouloir bordélique où l’auteur règle ses comptes avec ce qui l’énerve, s’amuse avec ce qu’il aime, ou réfléchit sur ce qui lui trotte dans la tête : sa condition d’artiste, son œuvre et la perception qu’en ont ses lecteurs, son rapport à la bédé… ainsi que ses pulsions les plus profondes et bestiales !
Les fervents amateurs de ces fameux carnets seront sûrement conquis, ceux qui s’attendaient à un pur délire violent et décérébré resteront sur le bord du chemin…Source