11 septembre 1973, Allende est renversé par le général Pinochet, le Chili sombre dans la dictature. Dans la foulée, le régime emprisonne et tue à tour de bras. Tout ce qui ressemble à un opposant est impitoyablement torturé, bien souvent mis à mort. Le chanteur Victor Jara, égérie du régime d’Allende, chantre de l’Unité Populaire et poète de la révolution, est de ceux là. Dès le 11 septembre, il est capturé par les sbires de Pinochet. Le 16 septembre, dans le sinistre stade National du Chili, il est mis à mort. L’écrivain Miguel Cabezas, présent ce jour là, a raconté la scène.
Citation :
On amena Victor et on lui ordonna de mettre les mains sur la table. Dans celles de l’officier, une hache apparut. D’un coup sec il coupa les doigts de la main gauche, puis d’un autre coup, ceux de la main droite. On entendit les doigts tomber sur le sol en bois. Le corps de Victor s’écroula lourdement. On entendit le hurlement collectif de 6000 détenus. L’officier se précipita sur le corps du chanteur-guitariste en criant : « Chante maintenant pour ta putain de mère », et il continua à le rouer de coups. Tout d’un coup Victor essaya péniblement de se lever et comme un somnambule, se dirigea vers les gradins, ses pas mal assurés, et l’on entendit sa voix qui nous interpellait : « On va faire plaisir au commandant. » Levant ses mains dégoulinantes de sang, d’une voix angoissée, il commença à chanter l’hymne de l’Unité populaire, que tout le monde reprit en chœur. C’en était trop pour les militaires ; on tira une rafale et Victor se plia en avant. D’autres rafales se firent entendre, destinées celles-là à ceux qui avaient chanté avec Victor. Il y eut un véritable écroulement de corps, tombant criblés de balles. Les cris des blessés étaient épouvantables. Mais Victor ne les entendait pas. Il était mort.
et comme l’a écrit Pablo Neruda, autre icône de la révolution chilienne, dans son autobiographie lumineuse, « J’avoue que j’ai vécu » :
Citation :
La poésie est toujours un acte de paix. Le poète naît de la paix comme le pain nait de la farine. Les incendiaires, les guerriers, les loups, cherchent le poète pour le brûler, pour le tuer, pour le mordre. Un spadassin a blessé Pouchkine à mort parmi les arbres d’un parc épais. Les chevaux de poudre ont galopé affolés sur le corps sans vie de Petöfi. En luttant contre la guerre, Byron est mort en Grèce. Les fascistes espagnols ont commencé leur guerre en assassinant le plus grand poète de leur pays [Frederico Garcia Lorca]. (…) Mais la poésie n’est pas morte, la poésie à la vie dure. On la malmène, on la traîne dans la rue, on la couvre de crachats et de quolibets, on la confine pour l’étouffer, on l’exile, on l’emprisonne, on tire trois ou quatre fois sur elle, et elle ressort de tous ces épisodes le visage bien lavé, avec un sourire de riz.
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PS : Chers amis, je voulais vous partager cet article pour mettre un peu de lumière sur un onze septembre qui a fait beaucoup de victimes et aussi vous parler de Victor Jara car moi aussi dans mon pays j'ai été victime de la censure et de la privation intellectuelle, j'ai pas eu l'occasion de vous le dire : j'ai beaucoup écrit dans ma langue natale poèmes et paroles de chansons, (qui n'ont jamais vu le jours malheureusement pour les raisons que vous savez ) j'ai même été invité à la radio pour animer des émissions poétiques et quand j'ai commencé à dire ce qui ne va pas dans le sens du poil on m'a viré !
s'il y a des erreur pardonnez-moi je vois à peine les touches de mon clavier !
L'alphabet fut l'origine de toutes les connaissances de l'homme et de toutes ses sottises. Voltaire
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Dernière édition par barateur le Jeu 14 Sep - 0:52, édité 1 fois
Merci de partager à la fois cette page de l'histoire et c'est page de ton histoire personnelle, Barateur. Tous les régimes totalitaires ont commencé par immoler leurs poètes, et brûler leur livres. Tout comme le régime nazi qui brûla plusieurs milliers de livres en ce printemps de 1933.
Les intellectuels ont toujours représenté un danger pour les pouvoirs en place. D'abord parce que leur intelligence amenait la réflexion et la critique. Ensuite parce qu'ils apportaient le rêve et le rêve est une forme de liberté.
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houkouk
Merci pour les 12 ans de "Petite Feuille"
De la part de toute l'équipe de "Petite Feuille" nous vous remercions, vous tous, pour votre participation et votre soutien !
Pourtant le monde irait tellement mieux si tout le monde parlaient,la meilleur arme contre la parano qui vient inspiré des ondes du mal est de parler,y a un truc qui déplaît,tata faut parler avec la personne concernée la dessus et les doutes et mauvaise pensée disparaissent car la plupart des troubles dans le monde est dû surtout au gens qui n arrivent pas à se parler,écouter et être réceptif et s épanouir dans la pensée .pour dire que parler est très important.