À gauche, Jean-Marie. À droite, le réfugié soudanais avec qui on le confond. La ressemblance est frappante… photo : pixabay
La collaboration entre le régime soudanais et le secrétaire d’état Francken a déjà fait couler beaucoup d’encre, et elle est sur le point de provoquer une effroyable injustice de plus. En effet, parmi la quarantaine de réfugiés « priés » de rentrer dans leur pays, figure Jean-Marie, un habitant de Bekerzeel, qui n’a jamais mis les pieds hors de la Belgique !
Dans les faits, Jean-Marie Paedbol officie en tant qu’ouvrier pour la ville de Bruxelles. Le jour de la visite des représentants du régime soudanais, il travaillait sur un chantier situé à quelques pas à peine de l’entrée du parc Maximilien. « Je me trouvais sur mon échafaud lorsque je fus pris d’une diarrhée fulgurante, explique-t-il. Or, l’unique cabine de wc dont mes collègues et moi disposons était déjà occupée par Miche-Miche, qui d’ordinaire n’en sort que lorsqu’il a terminé les mots fléchés du Métro. Je ne pouvais pas attendre, donc j’ai couru vers le parc à la recherche d’un endroit où me soulager. » Par chance, il déniche une toilette inoccupée, et s’y installe avec soulagement. C’est en sortant de ces commodités de fortune que l’incident survient. « J’eus à peine le temps de reboucler ma ceinture qu’un homme en uniforme me fit signe d’approcher. Il m’empoigna par l’épaule et me conduisit de force vers un bâtiment adjacent. Je me suis dit : tout ça pour avoir utilisé les wc du parc sans demander, c’est quelque peu exagéré ! ». Mais Jean-Marie ne sait pas que le pire est encore à venir…
Une fois à l’intérieur du bâtiment, il se retrouve face à plusieurs représentants soudanais. Là, on lui reproche de s’appeler Moktar Al Quechua, d’avoir fui le Soudan, et on lui intime l’obligation d’y retourner ! « Ils m’ont repéré quand je suis entré dans les wc et ils ont cru que j’essayais de me cacher. J’avais beau leur dire que je m’appelais Jean-Marie et que j’habitais Bekerzeel, personne ne me croyait. Apparemment, je ressemble comme deux gouttes d’eau à ce monsieur Quechua qu’ils recherchent tant. » Pour son plus grand malheur, il est vrai que sur photo, la ressemblance est crachée.
Dans sa famille, tout le monde est tombé des nues en apprenant que Jean-Marie allait être extradé vers le Soudan, un pays qu’il ne connait pas. Contactée par nos soins, sa femme n’en revenait toujours pas : « Ce qui m’est le plus pénible, c’est de l’avoir épousé sans savoir qu’il était Soudanais. »
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