NÉS ENTRE LES ANNÉES 1930 et 1950 NOUS SOMMES FORTICHES. PARFAITEMENT ! Premièrement, nous avons survécu à l'accouchement par des mères dont la plupart fumaient, récurraient le parquet à quatre pattes, ne faisaient pas la gym' pré-natale, et -ô horreur- buvaient du vin pendant qu'elles étaient enceintes. Vogue la galère.
Le congé maternité de six mois ? Mon cul, retour au bercail et au turbin ! On ne 'faisait' pas des gosses avec une pipette, et les seins n'avaient pas de fuite au silicone, d'ailleurs on les cachait volontiers, fallait pas tenter l'diable.
Elles prenaient des aspirines à gogo contre les douleurs monstruelles , mangeaient de la choucroute, de la mayo, des desserts, et n'étaient pas testées tous les semestres pour le diabète ou le cholestérol. Elles n'aplatissaient pas leurs seins entre deux enclumes pour un test anti-cancer; le cancer on l'avait et on mourait.
De fait, la plupart d'entre elles sont encore là... ou parties à plus de 85 ans.
Après ce traumatisme sans péridurale elles s'endormaient n'importe où, on les couchait sur le ventre dans des lits temporaires, sur des matelas à nessorts, dans des chambres peintes au plomb d'un jaune pisseux. Faut dire qu'il ne leur venait pas à l'idée de bouffer les écailles des vieux murs ni d'envoyer leur mari rosser le toubib à cause de la religion. D'ailleurs, le toubib passait quand ça lui chantait.
Nous n'avions pas ou peu de serrures aux portes. Les fenêtres fermaient mal, on marchait dans le crottin sans vaccination anti-tout, et la teinture d'iode c'était pour les écorchures. Restaient les pleurs pour les chochottes. Lorsqu'on faisait de la bicyclette, on avait des casquettes, et pas des casques de protection ni coudières
ni tenues en Lycra si suantes... Quelles pistes cyclables ? Vous rêvez ma parole.
Bébés et enfants, on nous emmenait dans de vieilles guimbardes sans clim, sans ceintures ni siège pour bébés ni airbag ni filtre à particules & pollens. Celui qui remuait trop là derrière recevait des baffes ! Pour ceux qu'avaient pas de bagnole (la majorité) y avait le bus ou le tram; aïe marche pas sur mes panards, connard !
Ben ouais, les gosses se levaient pour les vieux... pis bonjour les courants d'air.
Être dans la benne arrière d'une camionnette par une belle journée ensoleillée était toujours quelque chose d'extraordinaire, pas un traumatisme. On allait à l'école à pieds, et seuls. Fallait te défendre si un grand t'emmerdait. D'ailleurs y avait pas de psys et l'école ne fournissait pas de soutien moral en cas d'incident à la récré, t'avais pas intérêt à aller cafter. D'un autre côté, les voyous étaient envoyés en maison de correction, coups de trique ou fouet à la clef. En classe on en prenait soin des mauvais sujets...surtout avec la règle en fer.
A la colo, nous buvions l'eau directement de la fontaine, de l'eau courante hein, et comme dans les maisons, les tuyaux étaient en plomb. On avait soif, on s'en foutait et elle était bonne, tu crois qu'on avait du pognon pour...un coca ...un quoi tu dis ?
La bouffe ressemblait à celle que t'as connu à l'armée, tu piges ? Mais même comme ça, t'avais intérêt à défendre ton assiette sinon tu faisait ceinture. Bon, de temps à autre y avait bien une chenille dans la salade, du pourri dans ta pomme. Pas content Duschnock ? Tu te passeras de bouffe.
At home, nous mangions des gâteaux secs faits par Moman, du pain tranché au couteau façon roue de camion, parfois un peu rassi c'est vrai ( mais ça fait pousser les nénés ), du vrai beurre en motte, du saindoux, du lard, de la confit' pur sucre. Nous buvions du café dans un bol, de L'Ovomaltine, ou du chocolat avec du vrai cacao. Et nous n'étions pas obèses. Sauf un rare spécimen p'tet, qui nous servait alors opportunément de souffre-douleur, surtout s'il était roux. Avec lui, au moins, on gagnait à tous les coups. Yek yek! C'est pas tous les jours le même qu'on saque.
ET POURQUOI ETIONS NOUS PLUS HEUREUX ?
Parce que nous étions toujours en train de bouger, de jouer dehors... Nous sortions de la maison le matin pour jouer toute la journée au grand air, pluie ou pas pluie, à condition d'être revenu quand les lampadaires s'allumaient. Sinon gare à la trempe (et pas celle du ciel). Nous prenions des heures à construire nos planches à roulettes avec lesquelles nous descendions les côtes, sans freins. Après avoir foncé dans les haies une paire de fois, nous avions appris à gérer les bobos-genoux. Et gare aux déchirures de froc. Nous n'avions pas de Playstation, Nintendo, X-box, iPod... Il n'y avait pas de jeux vidéo, pas 150 canaux au câble, pas de films ou dvd, pas de son stéréo ou de cd, pas de portable, pas d'ordinateur et pas d'Internet. T'aime pas Radio-Luxembourg ? Tant mieux c'est pour les grands, va te coucher ou lis !
NOUS AVIONS DE VRAIS AMIS et nous sortions dehors pour les retrouver, pas des virtuels inconnus sur réseau social ! Nous tombions des arbres, en faisant le parachute, on se coupait, on se cassait des os, des dents et il n'y avait pas de poursuites judiciaires pour cela.
C'ÉTAIT L'BON TEMPS QU'ON DIT.
MAIS FAUT PAS CROIRE TOUT C'QU'ON DIT...