Un dédale de ruelles malfamées et surpeuplées. Voici le décor du district de Whitechapel dans l’East End Londonien en 1888. Y cohabitent des réfugiés russes, juifs réchappés des pogroms d’Europe de l’Est , des immigrants irlandais et la classe ouvrière londonienne. Alcoolisme, vols, violence sont le quotidien de ce sous-prolétariat qui se révolte notamment en novembre 1887......
La simple évocation de "Jack the Ripper" fait encore froid dans le dos. Et même si de nombreuses personnes ont été suspectées, le coupable n’a jamais été identifié. Mais l’affaire vient sans douter de prendre un nouveau tournant grâce aux outils modernes de la science !
Gravure vintage d'un dessin satirique sur les meurtres de Jack l'éventreur dans le Londres victorien. 1888 Getty / duncan1890
Dans une étude qui vient de paraître, deux scientifiques britanniques affirment avoir démasqué le coupable en publiant selon eux « l'analyse génétique la plus avancée à ce jour »
Comment ont-ils procédé ?
Ils ont analysé l’ADN mitochondrial, c’est-à-dire la partie de l’ADN héritée uniquement de la mère, provenant d’un châle de soie taché de sang et de sperme et qui aurait été retrouvé à côté du corps mutilé de Catherine Eddowes, la quatrième victime du meurtrier.
Ces tests désignent : Aaron Kosminski, un barbier polonais de 23 ans comme suspect numéro 1. Un nom que les enquêteurs de Scotland Yard avaient d’ailleurs déjà associé à ces crimes. Pour arriver à cette conclusion, les tests ont comparé des fragments d’ADN récupérés sur le châle avec des échantillons prélevés sur des descendants vivants de la victime et du tueur supposé. Résultat : l'ADN correspond à celui d'un parent vivant de Kosminki.
Avec ces révélations, le dossier est donc refermé…
Et bien pas du tout, car les chercheurs britanniques à l’origine de ces révélations n’ont pas convaincu tout le monde. En effet les détails clés sur les variants génétiques entre les échantillons d'ADN ne sont pas inclus dans la publication. Pourquoi ? Parce que les scientifiques affirment vouloir protéger l’identité des descendants en vertus des lois britanniques.
Les experts sont donc très sceptiques et certains affirment qu’il n’y a en outre aucune preuve que le châle soit bien celui qui se trouvait sur la scène du crime et qu’il a même pu être contaminé au fil des ans.
Nous voilà bien avancé….
Ces nouveaux tests ne constituent pas la première tentative d'identification de Jack l’éventreur à partir de l'ADN. L’écrivaine américaine Patrica Cornwell il y a plusieurs années avait déjà fait appel à des généticiens afin d’analyser des échantillons prélevés dans des lettres prétendument envoyées par le tueur en série à la police. Ces tests avaient désigné le peintre Walter Sickert comme le meurtrier. Pourtant de nombreux experts ont estimé que ces lettres étaient fausses. Une autre analyse génétique des lettres a prétendu que le meurtrier aurait aussi pu être une femme.
Bref vous l’avez compris, l’affaire est loin d’être classée.
Sauf qu’en septembre prochain, les scientifiques britanniques à l’origine des dernières analyses, promettent de publier l’étude complète avec de nouvelles preuves irréfutables. Donc, moi je dis : Wait and see…
Source : France Inter