Les belligérants n’en ont fait aucune publicité : pourtant, il y a quelques semaines, le journaliste de France-Inter Benoît Collombat a pu classer définitivement le dossier Bolloré qui le rongeait depuis treize ans.
Ce procès sans fin mené par un groupe aujourd’hui ultra-puissant dans les médias et l’édition, est, en fait, constitué de deux procès successifs
Premier procès. En mars 2009, Benoît Collombat diffuse sur Radio France un reportage consacré aux activités de l’entreprise Bolloré en Afrique (« Cameroun, l’empire noir de Vincent Bolloré »). Le groupe de l’industriel breton attaque en diffamation et gagne. Le journaliste est condamné en mai 2010. Au lieu de mener le combat au nom d’un certain droit à l’information, Radio France ne fait pas appel.
Second procès. Petit saut dans le temps : en 2015, Benoît Collombat raconte dans un ouvrage collectif (« Informer n’est pas un délit », Calmann-Lévy) son expérience judiciaire. Celle-ci est très particulière, car Vincent Bolloré n’avait pas attaqué – comme c’est l’habitude – telle ou telle phrase mais la quasi-intégralité des 40 minutes de reportage. Il raconte le making-of d’un tel procès. Et, de manière plus personnelle, ses effets psychologiques : « Je mange Bolloré, je pense Bolloré, je dors Bolloré. » Pour être complet, il reprend enfin ses notes d’audience et reproduit dans le livre certains des propos discutés à la barre et condamnés.
Fin 2015, Bolloré l’assigne de nouveau. Collombat, cette fois, gagne en première instance puis en appel. Le milliardaire se pourvoit en cassation, nullement freiné par le fait, qu’entre-temps, il a commencé à entrer dans le capital du groupe d’édition qu’il attaque : l’arrêt est cassé et renvoyé en appel. De nouveau, Collombat gagne. La crainte était que Bolloré rejoue le match et aille de nouveau en cassation. Ce qu’il n’a pas fait. Point final.
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"Qui a un marteau voit des clous partout"
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