Titanic : l'art de la 3D selon James Cameron
publié le 08/03/2012
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] La célèbre scène de Rose et Jack à la proue du bateau sera appréciable en 3D à partir du 6 avril prochain. Crédits photo : © Reuters Photographer / Reuters/X00561
Après un an de travail, 18 milliards de dollars investis et 300 «artistes» impliqués, le film s'annonce être le parfait exemple d'une 3D maîtrisée et travaillée à la perfection. De quoi redorer le blason de cette technique trop souvent sous-estimée.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Rose (Kate Winslet) et Jack (Leonardo DiCaprio) sont à la proue du paquebot, s'enlaçant tendrement. Jack hurle son célèbre «Je suis le maître du monde!» et donne un baiser à Rose. Qui n'a jamais rêvé être au plus près des personnages à cet instant, de ressentir leurs émotions et de vivre la scène en même temps qu'eux? Ce sera bientôt possible grâce à la très minutieuse 3D de James Cameron. «Je crois fermement que la 3D est aussi un plus pour les scènes narratives, et pas uniquement pour les séquences d'action», a récemment affirmé le réalisateur lors d'une conférence de presse à New York. La sensation d'être juste là, à côté des personnages, intensifie l'interaction émotionnelle entre le public et le film», a-t-il déclaré.
Titanic 3D débarque dans les salles à partir du 6 avril prochain, soit quelques jours avant le 100ème anniversaire du naufrage du célèbre paquebot. L'occasion pour James Cameron, le réalisateur, de donner un coup de jeune à son chef-d'œuvre et de démontrer tout son amour pour l'art de la 3D. Cette technique semble être le moyen pour Cameron de sublimer sa version de 1997 et d'emmener le spectateur au cœur de l'histoire de l'insubmersible.
Si le scénario ne change pas d'un pouce - le navire coule toujours et la fin est toujours aussi tragique pour Jack et Rose - la 3D dans un film comme
Titanic représente une plus-value non négligeable. Réputé pour son perfectionnisme, James Cameron a refusé une conversion rapide et bâclée de son film. Le réalisateur a sélectionné des scènes stratégiques, par nature émouvantes ou impressionnantes, à convertir en 3D afin de toucher le public et de lui permettre de mieux entrer dans la peau des personnages. Selon Cameron, la 3D est un catalyseur d'émotions et de sensations.
«Vous entrez dans leur peau des personnages, vous éprouvez les mêmes sentiments grâce à la 3D» La scène toute simple «du corset», présentée lors d'une conférence de presse à New York en décembre dernier, est un bon exemple des prouesses que peut réaliser la 3D. Dans cette scène, Ruth serre elle-même le vêtement de sa fille Rose tout en lui parlant de ses problèmes financiers. L'effet de la 3D sur ce plan pourtant banal est «phénoménal», s'est enthousiasmé James Cameron. «On est littéralement avec elles. Vous entrez dans leur peau, vous éprouvez les mêmes sentiments qu'elles grâce à la 3D», poursuit-il. La 3D de James Cameron frôle le voyeurisme, sent bon le réalisme et semble apporter un souffle nouveau à la version de 1997.
Une autre scène réussie, selon James Cameron, est celle très intimiste où Jack emmène Rose dans le gymnase et lui demande de se libérer du carcan social qui la tient prisonnière. Cette scène est «la plus importante du film» et c'est aussi une conversion où la 3D reste subtile, où les personnages ne sortent pas inutilement de l'écran permettant au public d'accéder au cœur de la relation entre les deux héros.
La 3D dans un film narratif comme
Titanic permet de se sentir impliqué dans l'histoire, d'être à la place de Rose lorsqu'elle libère in extremis Jack de ses menottes avec une hache alors que le navire sombre lentement. La mise en relief, travaillée en détail par James Cameron, permet de ressentir l'angoisse envahir les passagers lorsque le bateau s'enfonce inexorablement dans les eaux sombres de l'Atlantique, avant se briser en deux. La scène «la plus impressionnante» selon Cameron.
Pourtant, le pari de rééditer
Titanic était risqué. Même si la sortie du film remonte à quinze ans de cela, tout le monde connaît l'histoire, a vu et revu ce film. En France, Titanic avait réalisé plus de 20 millions d'entrées, un record jamais égalé. Mais Titanic 3D attire, intrigue car Cameron a su faire comprendre que le ressenti serait différent et les émotions décuplées grâce à un travail laborieux.
Les scènes en 3D ont été travaillées plan par plan Il a fallu un an à James Cameron pour que son obsession de la perfection soit enfin apaisée. Les scènes converties ont été travaillées plan après plan, à l'image de celle où il a fallu isoler une à une les bulles d'air sortant des turbines du bateau pour leur donner de la profondeur. La conversion a été minutieuse, presque douloureuse, pour un résultat qui s'annonce frappant de réalisme.
Pour atteindre ce degré de perfection, le réalisateur d'
Avatar ne s'est pas «contenté» d'élaborer une technique 3D ultradéveloppée. L'artiste a également retenu les leçons des précédents échecs qu'ont connus les films récemment convertis. Ainsi, il n'y aura pas de scènes supplémentaires ni d'introduction d'effets spéciaux améliorés, comme ce fut le cas dans la réédition de
Star Wars: La menace fantôme par George Lucas. Le film avait fait un bide. «Je considère ce cas comme l'exemple de ce que je ne souhaite pas faire. Lucas considère ses films comme des travaux en perpétuel progrès. Pour moi, le problème c'est qu'à partir du moment où vous tirez sur cette ficelle, c'est l'intégralité du film qui se défait. Et jusqu'où nous arrêtons-nous?»
Cameron dit non aux films «gadget» et espère redorer le blason de cette technique avec des projets très maîtrisés comme
Titanic. James Cameron s'est souvent montré très critique envers les films tournés «au rabais» en 3D, «souvent de la 2D et demie» donnant des «migraines» et la «nausée» au public, «juste pour faire de l'argent». Et c'est sur le succès et sur la rentabilité de Titanic 3D que repose la possibilité de réaliser d'autres conversions de ce type.
«La 3D, c'est ouvrir une fenêtre sur le monde» Et même si Roger Ebert, le critique de cinéma américain, a récemment confié que Titanic 3D était «une façon minable de traiter un chef d'œuvre», Cameron n'en a que faire et poursuit sa route vers la modernité. La 3D «c'est comme le passage du noir et blanc à la couleur. Quand la télévision est passée à la couleur, les films sont passés à la couleur. Dans cinq ans, tout le monde tournera en 3D», explique-t-il. Jon Landau, le producteur du film, va même plus loin en affirmant que l'art de la 3D est un «processus créatif» à part entière. «La 3D, ce n'est pas juste une technique, c'est ouvrir une fenêtre sur le monde», a-t-il résumé.