Etats-Unis: Vive le déclin! Voyez les choses du bon côté, chers Américains: en revoyant vos ambitions internationales à la baisse, vous serez plus heureux et en meilleure santé. [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] - Le drapeau des Etats-Unis avec Manhattan au loin Gary Hershorn / Reuters -
La récente dégradation de la note de crédit des Etats-Unis et la baisse des marchés financiers en attestent: le Siècle de l'Amérique semble bel et bien terminé. L'idée de voir les Etats-Unis perdre leur rôle de nation indispensable a provoqué moult cris d'orfraie outre-Atlantique - mais les Américains pourraient bientôt se réjouir d'être délivrés de cette responsabilité.
Les signes avant-coureurs du déclin sont partout. Les immigrés clandestins rentrent chez eux pour trouver une vie meilleure. La Chine domine déjà le secteur des technologies vertes, et elle est sur le point de devenir la première économie du monde en terme de pouvoir d'achat. Deux guerres initiées par l'Amérique sont sur le point de s'achever; deux «missions complètement ratées» - pour rester poli. Si les Etats-Unis ont évité le défaut de paiement, c'est seulement parce que le gouvernement s'est penché sur la question toutes affaires cessantes, plusieurs semaines durant. Et le déclin de l'Amérique n'est pas limité aux mondes politiques et économiques: voici que son hégémonie culturelle vacille elle aussi. Le Bollywood indien et le Nollywood nigérian produisent chaque année plus de film qu'Hollywood (sans parler de leur indéniable supériorité artistique).
Il va sans dire que les Etats-Unis détiennent encore une formidable puissance militaire, sans égale dans le monde. Mais le rôle de gendarme du monde leur a-t-il jamais profité? L'an dernier, leurs engagements militaires leur ont coûté plus de soldats qu'aucun autre pays, selon les données collectées par l'université d'Uppsala. Outre les vies sacrifiées, la guerre leur coûte également de l'argent: le budget de l'armée américaine a augmenté de 81% entre 2001 et 2011; il représente aujourd'hui 43% de l'ensemble des dépenses militaires de la communauté internationale - soit six fois le budget de son rival direct, la Chine. Les dépenses militaires des Etats-Unis équivalent à 4,8% de leur PIB; une charge économique sans pareil dans les pays de l'OCDE.
La notion de «surexpansion impériale» a été théorisée par Paul Kennedy, professeur d'histoire à l'université de Yale. Kennedy est britannique - et ce n'est pas un hasard. La Grande-Bretagne est le dernier pays en date à avoir été évincé de la première marche du podium - et les Etats-Unis auraient beaucoup à apprendre de cette expérience. Pendant la majeure partie des années 1950, la Grande-Bretagne a continué à faire comme si elle était encore une grande puissance mondiale, et cette décennie fut l'une des plus sombres de son histoire: en 1954, les denrées alimentaires étaient encore rationnées. Cette folie des grandeurs a atteint son paroxysme en 1957, avec l'occupation du canal de Suez - tentative sabordée par une nouvelle superpuissance: les Etats-Unis.
La crise du canal de Suez marqua la fin du rayonnement mondial de la Grande Bretagne; pourtant, un an plus tard, le Premier ministre Harold Macmillan déclarait que ses compatriotes «n'avaient jamais connu une telle prospérité». Il avait raison: les revenus moyens, les indicateurs de santé et les niveaux d'éducation étaient bien inférieurs du temps de la glorieuse Albion, maîtresse des mers. Et lorsque la Grande-Bretagne a fait une croix sur son empire - en se retirant de ses colonies d'Afrique et d'Asie au début des années 1960 -, elle a donné naissance aux Beatles, à la Mini et à l'amour libre. La Grande-Bretagne continue certes de jouer dans la «cour des grands» pour ce qui est des affaires internationales, et elle a conservé quelques attributs propres à son ancien statut de superpuissance (son siège au Conseil de sécurité des Nations unies, sa flottille de sous-marins nucléaires), mais son fardeau s'est considérablement allégé. Une fois libérée de ses égarements impérialistes (gestion des colonies, leadership mondial), la Grande-Bretagne a pu vider le réseau de bases militaires qu'elle avait construites aux quatre coins du monde, réduire la Royal Navy, et dévaluer la livre sterling sans craindre de voir le monde s'effondrer sous ses yeux. Et le pays a appris à collaborer avec le reste de la communauté internationale sans considérer le statut d'égal comme une position indigne; en rejoignant l'Union Européenne, ou en signant le protocole de Kyoto, par exemple. Les Etats-Unis pourraient-ils imiter la Grande-Bretagne, et se satisfaire (enfin, la plupart du temps) d'un pouvoir conséquent, mais limité? A en juger par l'expérience des Britanniques, le pays concerné doit avant tout reconnaître qu'il a bel et bien un problème. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la Grande-Bretagne n'avait plus les moyens de maintenir l'unité de son empire - et ce simple fait l'a aidé à voir la réalité en face. Peut-être les Etats-Unis feront-ils le même constat. Washington pourrait opter pour une réduction graduelle de ses engagements à l'étranger, en commençant par revoir le budget de la défense à la baisse: en revenant à la moyenne de l'ère Reagan, les Etats-Unis pourraient économiser environ 250 milliards de dollars par an. Si un tel budget était jugé suffisant dans un monde déchiré par la Guerre froide (lorsque le Pacte de Varsovie disposait de 249 divisions de combat et que nous vivions dans la peur constante d'une apocalypse thermonucléaire), il devrait parfaitement convenir aux Etats-Unis d'aujourd'hui (aux dernières nouvelles, al-Qaida disposerait de moins de 100 combattants en Afghanistan). Et l'on pourrait vraiment parler de «réduction graduelle»: s'il était réduit de 250 milliards, le budget américain de la défense serait encore quatre fois supérieur à celui de la Chine.
Une réduction des dépenses militaires permettrait aux Etats-Unis de rediriger leur attention sur d'autres priorités; ce serait un bon moyen de faire oublier aux Américains qu'ils ne sont plus les numéros 1. Peut-être pourraient-ils alors s'atteler à la construction d'une ou deux lignes de chemin de fer à grande vitesse, ou achever la réforme du système de santé. Prenez la liste des grandes puissances économiques auxquelles Standard & Poor's a récemment accordé la note de AAA: les Etats-Unis y arrivent en dernière position en terme d'espérance de vie, et ils sont le seul pays ne disposant pas d'un système de santé universel. L'Amérique pourrait également en profiter pour renforcer le budget de l'éducation: selon cette liste, les citoyens des Etats-Unis sont ceux qui croient le moins dans la théorie de l'évolution (entre autres réalités scientifiques) - et selon une étude internationale, ses étudiants sont les moins doués en mathématiques. Lorsque la Grande-Bretagne a renoncé à ses ambitions impérialistes, elle a pu faire une croix sur le service militaire - et souffler un bon coup. Si l'Amérique avait moins besoin de mettre son tempérament martial en avant (à travers ses alertes militaires et ses guerres contre le terrorisme, inépuisables sources d'adrénaline), elle pourrait profiter de l'accalmie pour réformer son système de justice pénale (un domaine où elle arrive en tête: proportionnellement parlant, aucun pays ne met autant de personnes derrière les barreaux). Lorsque les Etats-Unis comprendront qu'ils n'ont pas besoin de se saigner aux quatre veines pour devancer les Russes, les Japonais et les Chinois, peut-être accepteront-ils de prendre des vacances. La loi américaine ne prévoit aucune période minimum de congés payés annuels. Même les employés de Singapour ont plus de chance (sept jours); quant au reste des pays AAA, ils proposent un minimum allant de 18 à 30 jours.
Pour ce qui est des relations internationales, les Etats-Unis ne peuvent - et ne voudraient - pas suivre l'exemple de la Grande-Bretagne en rejoignant l'Union européenne; mais là aussi, une réduction graduelle serait possible. Pourquoi ne pas rejoindre la Cour pénale internationale, ou faire montre d'un peu plus de bonne volonté lors des négociations sur le climat? En refusant le statut de superpuissance, les Etats-Unis ne pourraient que prolonger la récente amélioration de leur cote de popularité. En matière de diplomatie, on pourrait même affirmer qu'un gouvernement américain adouci et coopératif pourrait s'avérer plus efficace qu'un gouvernement indépendant et agressif. Quelle que soit la place qu'occupera l'Amérique dans les classements économiques de demain, elle restera un grand pays. En acceptant le déclin (ou en l'accueillant à bras ouvert), elle prouvera que l'exceptionnalisme américain repose sur un ensemble de valeurs, et non sur les indices boursiers. Si la dégradation décidée par Standard & Poor's aide les Etats-Unis à mettre de l'ordre dans ses priorités (et à préférer la qualité de vie au statut de superpuissance), on pourrait vite la considérer comme un mal pour un bien. Par ailleurs, les Etats-Unis amorcent leur déclin avec plusieurs avantages; avantages qui faisaient défaut à la Grande-Bretagne des années 1950. Un exemple: il est dès aujourd'hui possible de dénicher un bon restaurant dans plusieurs régions des Etats-Unis - prouesse que la Grande-Bretagne postcoloniale n'a pu réaliser qu'après trente ans d'efforts acharnés...
Charles Kenny Traduit par Jean-Clément Nau
et vous chers amis américains qui visitaient mon forum qu'en pensez-vous ??
Subject: United States: Long live the decline! Look on the bright side, dear Americans Today at 0:00
U.S.: Long live the decline! Look on the bright side, dear Americans: by reviewing your international ambitions downwards, you will be happier and healthier. - The flag of the U.S. Manhattan off with Gary Hershorn / Reuters - The recent deterioration in the rating credit of the United States and declining financial markets evidenced by: the Century of America seems well and truly over. The idea of seeing the United States lose their role as indispensable nation moult provoked howls of outrage across the Atlantic - but the Americans may soon rejoice to be freed from this responsibility. The warning signs of decline are everywhere . Illegal immigrants are returning home to find a better life. China already leads the green technology sector, and is about to become the world's largest economy in terms of purchasing power. Two wars are initiated by America about to be completed; two " completely failed mission "- to be polite. If the United States has avoided the default, it is only because the government has addressed the issue drop everything, for several weeks. And America's decline is not limited to political and economic worlds: behold, its cultural hegemony falters too. India's Bollywood and Nollywood Nigerian annually produce more films than Hollywood (not to mention their undeniable artistic superiority ). It goes without saying that the U.S. still hold a formidable military power, unparalleled in the world. But the role of world policeman did He never profited? Last year, their military commitments have cost them more soldiers than any other country, according to data collected by Uppsala University. Further the lives sacrificed, the war also costs them money: the U.S. military budget has increased by 81% between 2001 and 2011 and represents today 43% of the total military spending of the international community - six times the budget of its direct rival, China. Military spending in the United States equivalent to 4.8% of GDP; an unparalleled economic burden in OECD countries. The notion of " imperial overstretch "was theorized by Paul Kennedy, professor of history at the Yale University. Kennedy is British - and it's not a coincidence. Britain is the latest country to have been ousted from the top of the podium - and the U.S. could learn a lot from this experience. For much of the 1950s, Britain continued to as if she was still a major world power, and this decade was one of the darkest chapters in its history: in 1954, food was still rationed. This megalomania peaked in 1957 with the occupation of the Suez Canal - scuttled attempt by another superpower: the United States. The Suez Canal crisis marked the end of the global reach of Britain, yet A year later, Prime Minister Harold Macmillan declared that his countrymen " had never known such prosperity . " He was right: average incomes, health indicators and educational levels were well below the time of the glorious Albion, mistress of the seas. And when Britain has given up on his empire - by withdrawing from its colonies in Africa and Asia in early 1960 - she gave birth to the Beatles, the Mini and free love . Britain certainly continue to play in the " big league "in terms of international affairs, and has retained some attributes specific to its former superpower status (his seat on the UN Security, its fleet of nuclear submarines), but his burden is lightened considerably. Once freed from his errors imperialists (management of the colonies, global leadership), Britain was able to empty the network of military bases it had built all over the world, reducing the Royal Navy, and devalue the pound without fear of seeing the world crumble before his eyes. And the country has learned to work with the rest of the international community without considering the status of equal position as an unworthy by joining the European Union, or by signing the Kyoto Protocol, for example. The United States could they imitate the Great Britain, and meet (well, mostly ) a result of a power, but limited? Judging from the British experience, the country must first recognize that it does have a problem. After the Second World War, Britain was no longer afford to maintain the unity of his empire - and this simple fact helped him see the reality. Perhaps the U.S. will they do the same observation. Washington may opt for a gradual reduction of its commitments abroad, starting with reviewing the defense budget down: by returning to the average of the Reagan era, the U.S. could save about $ 250 billion per year . If such a budget was considered sufficient in a world torn apart by the Cold War (when the Warsaw Pact had 249 combat divisions and we live in constant fear of a thermonuclear Apocalypse), it should be quite enough in the U.S. today (at last count, al-Qaida hold fewer than 100 fighters in Afghanistan). And one could really speak of " gradual reduction "if he were reduced to 250 billion, the U.S. defense budget is still four times that of China. A reduction in military spending would allow the United States of redirect their attention to other priorities, it would be a good way to distract the Americans that they are no longer the number 1. Perhaps they could then get on with the construction of one or two lines of railway high speed, or complete the reform of the health system. Take the list of major economies to which Standard & Poor's recently awarded the AAA rating of: the United States arrive in last place in terms of life expectancy, and they are the only countries without a system universal health care. America could also take the opportunity to strengthen the education budget: according to this list, the citizens of the United States are those who believe least in the theory of evolution (among other scientific realities) - and according to a study International students are less gifted in mathematics. When Britain gave up its imperial ambitions, she was able to write off military service - and blow a good shot. If America had less need to put forward his martial temperament (through its wars and its military alert against terrorism, inexhaustible sources of adrenaline), it could take advantage of the lull to reform its criminal justice system (a area where it has led: proportionally speaking, no country puts so many people behind bars). When the United States understand that they do not need to bled white to beat the Russians, Japanese and Chinese, maybe they will agree to take a vacation. U.S. law provides no minimum period of paid annual leave. Even employees in Singapore are more likely (seven days) while the rest of the countries AAA, they offer a minimum of 18 to 30 days. Regarding international relations, the U.S. can - and do not want - to follow the example of Britain joining the European Union, but again, a gradual reduction would be possible. Why not join the International Criminal Court, or to show a little more goodwill in the climate negotiations? By refusing the status of superpower, the United States would only prolong the recent improvement in their popularity. In diplomacy, one could argue that a U.S. government softened and cooperative may be more effective than a government independent and aggressive. Whatever the future place in the rankings of America's economic future, it remain a great country. By accepting the decline (or in the welcoming open arms), it will prove that American exceptionalism is based on a set of values, not on stock prices. If degradation determined by Standard & Poor's help the U.S. to put its priorities (and to prefer the quality of life to superpower status), we could soon see it as a blessing in disguise. Moreover, the U.S. began their decline with several advantages; benefits that were lacking in Britain in the 1950s. One example: today it is possible to find a good restaurant in several regions of the United States - feat that postcolonial Britain has been unable after thirty years of hard work ... Charles Kenny Translated by Jean-Clement Nau and you dear American friends who visited my forum what do you think?