[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Des vacances entre potes, à un prix défiant toute concurrence. Mi-août, ces six jeunes de Roubaix (Nord) ont délaissé les briques rouges pour le soleil du littoral turc. Objectif : détente, fiesta et plus si affinités. Les premiers jours, cet objectif a été rempli sans anicroche. Mais la rencontre de l'un d'eux avec une jeune fille en vacances dans ce même hôtel de Bodrum a scellé leur avenir proche.
Depuis le 23 août, cinq d'entre eux, âgés de 17 à 21 ans, dorment en prison, le sixième ayant été mis hors de cause. D'abord poursuivis pour «viol», ils le seraient désormais pour des «attouchements sexuels sur mineure», avec cette circonstance aggravante que les faits ont été commis en réunion. Les cinq devaient compraître devant un juge aujourd’hui samedi, lequel pourrait dès cette date décider de leur destin judiciaire, et d'un horizon fait de prison.
A Roubaix, et notamment dans leur quartier populaire des Trois-Ponts, la mobilisation s'organise pour tenter de les tirer de «cette affaire qui les dépasse», et dans laquelle ils se sont pourtant tous seuls «embourbés», selon les mots d'un proche. Une cagnotte a été créée en ligne, pour les aider à financer leur défense. «Là-bas, ils sont dans une situation déplorable, entre 40 et 100 par cellules, et tout le monde veut leur soutirer de l'argent», décrit Benoit, un chef d'entreprise de leur quartier, qui les a «tous vu grandir.»
Un comportement que la morale réprouve»
Sur le fond, en revanche, même leurs soutiens sont contraints de reconnaître la réalité de ce rapport sexuel qui les a conduit derrière les barreaux. Initialement, l'un des cinq a rencontré une jeune Anglaise d'origine marocaine, âgée de 13 ans, en vacances avec sa famille, dont il dit qu'elle a prétendu en avoir 18. Le premier, il a eu une relation sexuelle avec elle, qu'il qualifie de «consentante», avant que les autres membres du groupe ne fassent de même. Dans la foulée, la victime prévient son frère, lequel alerte les forces de l'ordre.
«Cette jeune fille a passé plusieurs jours de vacances à leurs côtés, comme le montrent de nombreuses photos», relate Benoit, qui reprend la ligne de défense des cinq mis en cause : «C'est en sortant de leur bungalow qu'elle a croisé son frère et que, prise en faute, elle a parlé de viol pour justifier ce qu'il s'était passé.» A minima, Benoit reconnaît «un comportement que la morale réprouve», mais rappelle qu'«aucun des cinq ne possède de casier judiciaire».
Trois des cinq sont lycéens, et deux autres sont animateurs pour la Ville de Roubaix, dont les services n'ont pas donné suite à nos sollicitations. Benoit, au nom des familles des mis en cause, relève que «le droit turc n'est pas un droit serein», et que les cinq pourraient payer le prix de mauvaises relations diplomatiques franco-turques. «On ne cesse de leur répéter qu'ils viennent d'un pays qui reconnaît le génocide arménien, accusé en outre d'avoir joué un rôle dans le coup d'état de cet été.»
En tout état de cause, «nous sommes sans nouvelles, et n'arrivons plus à les contacter», déplore Brian, le frère de l'un d'eux. «S'ils étaient reconnus coupables, ils ne pourraient prétendre à un retour en France avant trois ans, s'inquiète un autre proche. C'est une projection effroyable.»
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