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leuco


Viens chez moi, j’habite sur le canapé d’une copine Leucyb10
leuco



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Viens chez moi, j’habite sur le canapé d’une copine EmptySujet: Viens chez moi, j’habite sur le canapé d’une copine Dim 7 Oct - 17:18Message n°1sur la page N°1

Il a posé sa valise pendant deux mois dans le salon d’un ami. Le temps de "se retourner", après une séparation. Avant de s’installer, Aldéric Guiard, 26 ans, a entreposé le gros de ses affaires, pour ne pas trop "envahir" son hôte. Au fil des jours, la vie s’est organisée dans le petit appartement parisien, autour du canapé-lit. "Je faisais attention de ne pas mettre de désordre, raconte le jeune homme. Je remplissais le frigo, j’essayais de me faire le plus petit possible." Il emménage ensuite trois mois chez la mère d’une de ses amies, qui dispose d’une chambre vacante. Depuis la rentrée, jeune diplômé en recherche d’emploi, il est retourné vivre chez ses parents.

La cherté des logements, l’allongement de la durée des études, la multiplication des petits boulots et des stages non rémunérés avant l’accès à un emploi stable, les exigences grandissantes des propriétaires, les parcours de vie de moins en moins linéaires… favorisent ces entre-deux locatifs. Dans les grandes villes, le phénomène est en plein essor, et, faute de place, la cohabitation prend souvent des allures de bivouac.
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Ami d’ami "monté" à Paris pour un stage de six mois non rémunéré, cousine étudiante qui n’arrive pas à trouver de location abordable, pote qui a décroché un petit boulot, neveu en pleine séparation obligé de quitter le logement pris à deux… Autant de profils et de situations qui peuvent amener à ce nomadisme urbain.

En l’absence de statistiques précises et récentes, il est difficile de connaître le nombre de personnes hébergées de façon transitoire chez un tiers, proche, parent, ami, simple relation. Selon la dernière enquête nationale sur le logement de l’Insee, qui date de 2006, un "noyau dur" de 79.000 personnes âgées de 17 à 59 ans résident chez des ménages avec lesquels elles n’ont aucun lien de parenté direct. La Fondation Abbé-Pierre, estime, elle, à 421.000 le nombre de personnes contraintes à l’hébergement chez un tiers, faute de solution adaptée à leurs besoins. Dans son calcul, elle prend en compte les enfants adultes contraints de revenir chez leurs parents ou grands-parents ainsi que les personnes de plus de 60 ans hébergées à la suite d’une rupture familiale, d’un deuil, de difficultés financières ou de santé.

Au-delà de ces estimations, les quelques études sur le sujet montrent que ces solutions d’entre-deux prospèrent avec la crise, et là où le marché locatif est le plus tendu, dans les grandes villes, notamment à Paris et en région parisienne.

Claire Lévy-Vroelant, sociologue à l’université Paris-VIII-Saint Denis et chercheuse au Centre de recherche sur l’habitat du CNRS, est l’une des rares à s’être intéressées au phénomène. En 2011, elle a mené une étude sur les situations d’hébergement et les parcours de jeunes âgés de 18 à 30 ans dans les régions parisienne et londonienne. "L’hébergement chez un tiers est une notion complexe, qui recouvre des pratiques et des situations très diverses. Il est trop réducteur de l’envisager uniquement sous l’angle du mal-logement, prévient Mme Lévy-Vroelant. Si cette solution part toujours d’une nécessité, celle de se loger dans un contexte financier contraint, l’hébergé comme l’hébergeur peuvent au final bien vivre ce moment particulier. Le premier peut être soulagé de ne pas devoir payer un loyer, le second peut aussi y trouver un intérêt, comme un complément de revenu, une présence ou un échange de services (garde d’enfants, d’animaux…), ou simplement de la compagnie."
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L’hébergement de dépannage se fait rarement en contrepartie d’un "loyer". La plupart des hébergés tendent à compenser ce qu’ils considèrent comme une dette par des coups de main, des invitations (restaurant, cinéma…) ou des paiements en nature (courses d’alimentation par exemple). La cohabitation sur le pouce implique aussi de se plier aux règles de la maison. Ainsi, Aldéric se rappelle avoir redoublé d’attention pour ne pas provoquer de clash. "Je connaissais les petits détails susceptibles d’énerver mon hébergeur, je prenais donc les devants pour éviter tout reproche." Bruno, 27 ans, actuellement stagiaire campeur, a déjà connu la colocation, un "plus pour savoir quand partir avant de se faire mettre dehors".

Au-delà du caractère précaire de ce mode d’habitat, beaucoup de ces nomades urbains avouent avoir découvert à cette occasion une solidarité qu’ils ne soupçonnaient pas toujours. "En six mois, je ne me suis jamais retrouvé avec mon balluchon dans la rue", explique Aldéric. Même chose pour Edith Guiochon, 25 ans, actuellement en service civique dans une association internationale, qui a gardé de bons rapports avec une de ses hébergeuses, au point de prendre ensuite une colocation avec la fille de celle-ci pendant un an. Aujourd’hui, locataire d’un petit studio, elle se dit prête à rendre la pareille, "quand [elle aura] un peu plus grand".

Malgré la fatigue physique et mentale, ceux qui en sont sortis gardent au final un assez bon souvenir de leur période camping. Mais pas au point de se laisser tenter par le "couch surfing", littéralement "surf sur canapé", un mode d’hébergement chez l’habitant pour touristes à petit budget, venu des pays anglo-saxons.

"Les canapés défoncés et les mauvais matelas, c’est fini !", plaisante Béatrice, 30 ans et cinq mois de campement dans la capitale. La jeune femme a préféré repartir vivre en province, "où on arrive quand même à se loger plus facilement".

Sources par Catherine Rollot


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