[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]> La première chose c’est que si on dépense de telles sommes, c’est que des gens sont (en théorie) en capacité de régler la note. Autrement dit, ce n’est pas Neymar qui est indécent, mais la manifestation du pouvoir économique des gens pour qui une telle opération est possible. Neymar est un salarié « extrêmement » bien payé, c’est aussi un produit de placement via ses droits d’image. Ses prestations et ce qu’il représente ne lui rapporte rien directement. Il est aussi une marchandise, un produit de placement. Sa valeur d’usage (ce que Neymar est en tant qu’être humain) est complètement disproportionnée à la valeur d’échange que l’ensemble de ses employeurs et bénéficiaires de ses prestations attribuent à ses qualités de footballeur.
Cela nous amène à la seconde chose qui sous le coup de l’émotion échappe souvent au premier regard : si Neymar se retrouve au PSG pour 222 millions, ce n’est pas parce que le PSG et ses dirigeants possèdent une telle somme. C’est parce que des banques prêtent cette somme. Le 8 aôut 2017, on estime que le marché des transferts estival est d’une hauteur de 3 milliards d’euros. Est-ce que les clubs du monde entier possèdent cet argent dans leurs tiroirs caisses ? La réponse est non.
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> Pendant que les économistes nous bassinent avec les retombées économiques des maillots de Neymar pour le PSG qui ne profiteront ni aux gamins qui les ont cousus dans des conditions infâmes ni aux gamins de nos quartiers qui rêvent de devenir un jour footballeurs, on ne trouve aucune critique sur ce gonflage exponentiel des sommes sur lesquelles banques se ruent.
L’argent du football, à l’exception de clubs comme le MFC 1871, n’est pas celui des abonnements et de la buvette. Il est celui des droits TV, de la pub, des investisseurs qui voient dans le football professionnel un nouveau moyen de faire de la spéculation. Le football bizness et plus largement le sport professionnel est simplement devenu un nouveau marché dans lequel, banques, investisseurs boursiers, fonds de pension, multinationales s’affrontent en faisant des culbutes spéculatives avec des taux de profits monstrueux. Et comment souvent quand ils ont des pertes, ils appliquent la maxime du capitalisme : Socialiser les Pertes & Privatiser les Bénéfices.
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> La réalité c’est que l’économie de marché est loin d’être stable et les multinationales du divertissement et du sport peuvent être le premier domino qui entraîne les banques et le reste dans une grande chute. C’est à dire nous dans un nouvel épisode de l’instabilité économique du capitalisme. Pourquoi le marché du sport professionnel, en l’occurrence le football, serait épargné-il par les crises récurrentes du capitalisme ?
Bonne nouvelle pour les pauvres chargés d’éponger la future dette privée : on tient déjà le bouc émissaire de ce crash financier. Il s’agit de l’argent des princes musulmans et l’impudeur et l’immoralité de ces pauvres devenus riches grâce à leurs pieds.
Neymar n’est pas une honte, ni une bonne affaire. C’est juste la mesure visible de la financiarisation de l’économie d’un ballon rond que les spéculateurs Qataris, Français, Chinois et du monde entier vont chercher à gonfler jusqu’à ce qu’elle nous explose à la gueule.