Les trois raisons pour lesquelles Cahuzac veut rester député
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Dominique Lefebvre est désormais plus connu comme ami de Jérôme Cahuzac que comme député socialiste du Val-d’Oise. Vendredi, c’est lui qui avait annoncé sur iTélé, que l’ancien ministre du Budget allait quitter son poste de député :
« Jérôme Cahuzac m’a dit qu’il démissionnerait. […] Il ne nous a pas dit quand, il ne le sait probablement pas lui-même. »
Mais ce dimanche, volte-face : Cahuzac lui-même ne sait pas ce qu’il va faire.
La une du JDD du 14 avril 2013
Celui qui se présente comme son « dernier ami » – sa conscience ? son meilleur porte-parole ? son pire ennemi ? – a choisi de lui écrire une lettre, et de la rendre publique dans les colonnes du Journal du dimanche. Une supplique pour l’appeler à démissionner.
Dans la missive, Dominique Lefebvre passe en revue les arguments que Jérôme Cahuzac « [lui] a avancés pour justifier [la] décision de rester parlementaire ». Pour son « ami », aucune de ces justifications ne tient. Les voici.
1
« Avoir du temps pour reconstruire une nouvelle vie »
Dominique Lefebvre n’a pas peur de commencer par l’argument le plus surprenant de la part d’un ancien ministre, l’argument du salarié licencié qui demanderait un préavis, le temps de se retourner :
« La nécessité d’avoir du temps (tu m’as parlé de six mois) pour tenter de reconstruire une nouvelle vie, en dehors de la vie politique. »
Le député du Val-d’Oise ne contre-argumente même pas, il balaie l’idée d’un revers de plume, pour passer à plus politique.
2
« Seuls les électeurs peuvent reprendre le mandat »
Vient donc ensuite l’explication aux apparences légalistes et démocratiques de Jérôme Cahuzac :
« L’argument qui voudrait que seuls les électrices et les électeurs qui t’ont confié ce mandat pourraient le reprendre et que rien ne t’oblige à démissionner et donc que personne ne peut te le demander. »
Là non plus, Dominique Lefebvre n’essaie même pas de justifier son désaccord.
3
Quelques mois pour « gagner le combat »
Mais le leitmotiv de Jérôme Cahuzac, et l’argument qui revient le plus souvent dans sa bouche apparemment, c’est de « résister ». « Résister à qui et à quoi, résister comment, résister pourquoi ? », interroge son ami, un brin agacé, avant de se faire à nouveau plus compréhensif. Il a malgré tout quelques éléments de réponse :
« [Tu veux] résister à ce que tu considères comme une injustice, je veux parler de ce que tu vis comme une chasse à l’homme. »
Et pour mieux se défendre, Jérôme Cahuzac estime qu’il doit garder son poste :
« [Tu penses] que rester député, ne serait-ce que quelques mois, te permettra de poursuivre ce combat-là et de le gagner. »
L’écho éloquent de la foule choquée
Ce n’est ni la « bonne raison de résister », ni « la bonne méthode », argumente Dominique Lefebvre, qui se lance dans une longue diatribe. Il rappelle les faits, les trois « fautes politiques et morales graves » de son « ami », l’incompréhension des « Françaises et des Français », le « geste politique » que Cahuzac doit maintenant accomplir en quittant son poste.
Dominique Lefebvre se fait tour à tour l’écho éloquent de la foule choquée et la petite voix intérieure, bienveillante, de l’ancien ministre déboussolé. Pour invoquer son amitié, et le respect des Français.
Dominique Lefebvre promettait dans les premiers temps des « vérités » qui pourraient en « déranger » plus d’un. Aujourd’hui, il n’en est plus question. S’il semble chercher à se démarquer davantage de Jérôme Cahuzac, son plaidoyer ressemble au dernier appel des « amis » du PS.Source