Pourtant, ce poème pourrait facilement s'appliquer a un partenaire malveillant (mais si, il en existe !).
Citation :
Le Mot Braves gens, prenez garde aux choses que vous dites ! Tout peut sortir d'un mot qu'en passant vous perdîtes Tout, la haine et le deuil ! Et ne m'objectez pas Que vos amis sont sûrs et que vous parlez bas. Ecoutez bien ceci : Tête a tête, en pantoufle, Portes closes, chez vous, sans un témoin qui souffle, Vous dites a l'oreille au plus mystérieux De vos amis de cœur, ou, si vous l'aimez mieux, Vous murmurez tout seul, croyant presque vous taire, Dans le fond d'une cave a trente pieds sous terre, Un mot désagréable à quelque individu. Ce mot - que vous croyez qu'on n'a pas entendu, Que vous disiez si bas dans un lieu sourd et sombre Court à peine lâché, part, bondit, sort de l'ombre ; Tenez, il est dehors ! Il connait son chemin ; II marche, il a deux pieds, un bâton a la main, De bons souliers ferrés, un passeport en règle ; Au besoin, il prendrait des ailes comme l'aigle ! II vous échappe, il fuit, rien ne l'arrêtera ; II suit le quai, franchit la place, et cætera, Passe l'eau sans bateau dans la saison des crues, Et va, tout à travers un dédale de rues, Droit chez le citoyen dont vous avez parlé. II sait le numéro, l'étage : il a la clef, Il monte l'escalier, ouvre la porte, passe, Entre, arrive, et, railleur, regardant l'homme en face, Dit : "Me voila ! Je sors de la bouche d'un tel". Et c'est fait. Vous avez un ennemi mortel. (Novembre 1846, jour des morts). Toute la Lyre.
Je trouve à la lecture des romans de Victor Hugo une raison de croire que l'être humain n'est pas seulement capable du pire mais aussi du meilleur. Et c'est écrit avec tellement de détail et de justesse que j'applaudis l'écrivain.