Des études montraient dernièrement comment la nouvelle génération, en particulier les 25-35, est profondément déprimée. On compte un suicide par heure en France. Un suicide par heure ! Comment peut-on accepter ça. Pourquoi ça ne fait pas la une de tous nos journaux ? On parle pas d'un bras cassé. Mais de dizaines de milliers de morts. Presque autant que les victimes de la pollution de notre air. Alors qu'on assiste à des débats nationaux interminables sur des non-sujets, au grès des intérêts politiques ponctuels, comment en est-on arrivé à oublier ça, à faire de nos morts, des statistiques, des invisibles.
Précarité de l'emploi, insécurité économique, avenir incertain, manque de sens au travail, capitalisme déshumanisé qui nous considère comme des "assets" à exploiter jusqu'à la mort, le tout enrobé d'une crise écologique profonde, fruit des nos activités humaines, et sa menace bien réelle d'effondrement. Cette violence, quotidienne, qui tue sans dire son nom, on en entend pas parler. Il ne faudrait pas trop bousculer les conditions de notre aliénation collective. Et comme cerise sur ce gâteau de matières fécales, des énarques nous répètent chaque jour, depuis leur confortable tour d'ivoire, que tout va bien dans le meilleur des mondes (Huxley). Le grand spectacle continue.
Comment ne pas craquer, quand, par toutes voies de communication, les atomes de la méga-machine nous prient de bien vouloir nous conformer. Le spectre du désordre font frémir les privilèges. Sur LCI ce matin, quelques experts expliquent au bon peuple que la pluie historique de dividendes pour les actionnaires du CAC 40, c'est la grandeur de la France. Aucun des protagonistes ne questionnera la nature des activités de ces entreprises. Les chiffres ont conquis les cerveaux. Le reste n'a aucune forme d'importance.
Quelques heures plus tard, sur une chaîne quelconque de radio populaire - normalisée - une présentatrice s’extasie devant un nouveau produit de consommation. Une machine à faire des omelettes en 2 minutes. "Cuire un œuf dans une poêle, c'est bien plus compliqué que vous ne le pensez !" explique-t-elle dans sa chronique. Pendant 10 minutes, elle décrit cette œuvre merveilleuse de l'entreprise humaine. "Franchement c'est incroyable" s'exclame un intervenant, avec toute la sévérité qu'impose le sujet. "Et on peut y mettre des bouts de jambon ?" "Mais oui !" "Non ?" "Si !" "Vous mentez!" "Je vous jure, c'est une invention vraiment incroyable". Vomir. Tout le monde semble désormais jouer cette douce mélodie aux relents de suicide collectif. Partout. Tout le temps. Il faut bien gagner sa vie, en attendant la mort, n'est-ce pas ?
Alors tu penses à ce frère en humanité déprimé, qui, quelque part, comme toi, écoute cette misérable démonstration de soumission humaine à la bêtise triomphante. Cet être, libéré de sa caverne de Platon, ne peut plus rien avaler de cette supercherie. Qu'il sache qu'il n'est pas seul. Qu'il sache que nous sommes nombreux. Qu'il sache que nous ne nous laisserons pas mourir. Qu'ils sachent que nous sommes entrés en Résistance.
Mr Mondialisation
Je sais que le règlement dit qu'il ne faut pas mettre l'article en entier. Mais tout le monde n'a pas facebook alors comment faire autrement pour partager cet édito que je trouve important de partager.
Le membre suivant remercie pour ce message :