PARIS-AMAZONIE. A l’heure où la plus grande forêt de la planète est si menacée, la romancière franco-brésilienne Nathalie Maranelli nous livre une série de récits sur ce monde qu’elle connaît bien. Episode 1.
Carmen Dias de Paula n’est pas un simple agent de voyage brésilien. Elle a été tout naturellement baptisée « chamane d’excursion » et prépare depuis plus d’une trentaine d’années des « potions » qui fonctionnent. Elle cerne véritablement l’intention de son interlocuteur. Cette guérisseuse de voyage semble être devenue avec le temps une Amazonienne à part entière. Elle organise des voyages à la carte. À votre arrivée : Luis, Pedro ou João, vous accueilleront à bord de leur pirogue, la première traversée sera troublante, et les descriptions, si justes, soufflées à votre oreille par Carmen, vous reviendront en tête. Vous vous sentirez rapidement comme à la maison. Pas de séjour à l’hôtel. Un ami indien vous recevra dans sa hutte, vous prêtera son hamac et vous partagerez les repas avec lui. Vous pourrez respirer le « poumon vert » d’un seul souffle.
Sauf que rien ne va plus, depuis le mois d’août 2019. L’Amazonie brûle. Émettre des billets d’avion pour cette destination est devenu difficile. Notre agent de voyage ne sait plus où donner de la tête, les appels entre le Brésil et la France ne cessent pas. Les nouvelles sont mauvaises et tout va très vite : l’Amazonie brûle, mais le nouveau président au pouvoir, Jair Bolsonaro, le « Trump tropical », a l’air d’avoir d’autres priorités. Il insulte les arbres de la forêt amazonienne en les traitant de « putains ». Il ne trouve pas de solution immédiate pour les incendies et reste focalisé sur le renforcement du rôle de l’agriculture.
Les activités économiques demeurent les priorités du nouveau gouvernement ; des feux continuent d’être allumés par les hommes, en plus grand nombre, pour développer l’élevage. Les arbres sont rasés pour laisser place à la culture de soja transgénique. Hélas ! la situation se dégrade vite, les plantations prennent feu et la forêt part en flammes, tout est dévasté. Les Indiens sont constamment déplacés d’un territoire à l’autre. Leur mode de vie ancestral part en fumée. Les navires citernes d’entreprises internationales traversant le fleuve, continuent à puiser tranquillement l’eau douce amazonienne…
Lire la suite
la réalité amazonienne crue et douloureuse. Les médias n'en parlent plus, c'est oublié. La catastrophe australienne a pris le devant de la scène en attendant qu'une autre catastrophe occupe les gens. Et pendant ce temps la forêt amazonnienne, les réserves d'eau douce continuent à être pillé, la population autochtone continue à être massacrée mais cette fois dans l'indifférence mondiale. Déchirant appel.
Le membre suivant remercie pour ce message :