La dernière obsession des adolescentes pour mincir : le "thigh gap"Edité par MYTF1News avec AFP
le 01 octobre 2013 à 09h01 , mis à jour le 01 octobre 2013 à 09h04.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]C'est la dernière obsession des adolescentes américaines, nourries d'images idéales de magazines : avoir un "thigh gap", un espace entre des cuisses qui, pieds serrés, ne se touchent pas. / Crédits : TF1-LCI
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minceur Notre sociétéC'est la dernière obsession des adolescentes américaines, nourries d'images idéales de magazines : avoir un "thigh gap", un espace entre des cuisses qui, pieds serrés, ne se touchent pas. Au prix de privations qui peuvent mener à l'anorexie et la dépression.
Sur les réseaux sociaux Tumblr, Pinterest ou Facebook, les photos abondent de cuisses plus ou moins longilignes, en gros plan et d'une maigreur parfois insupportable, que publient de très jeunes filles avides de montrer leurs succès ou, à leurs yeux, leurs tragiques échecs. "Mon thigh gap est énorme, soyez jalouses les filles", s'amuse foster-the-beatles quand skinnysizezero, solidaire, affirme qu'"ensemble, on peut être maigres, faire une taille 32 avec un beau thigh gap et un ventre plat", écrit-elle sur Tumblr.
Une obsession irréaliste
"J'ai l'impression que je commence à avoir un thigh gap, je suis contente", ajoute elleskyyy alors que starvingforperfection se désole de son "médiocre/non existant thigh gap". Cette obsession n'est pas nouvelle, mais amplifiée par les réseaux sociaux. Ainsi, un compte Twitter, Cara Thigh Gap, est dédié à l'extrême minceur du mannequin britannique Cara Delevingne et des dizaines de sites ou pages Facebook proposent régimes ou exercices de gymnastique pour l'obtenir. "Avoir cet espace est en fait quelque chose de très difficile à atteindre", explique à l'AFP Barbara Greenberg, psychologue du Connecticut (nord-est) spécialiste des adolescents, parce que c'est d'abord "une question de structure osseuse" que peu de femmes présentent. Pour une adolescente, poursuivre ce genre d'obsession "irréaliste", signifie qu'"elles devront s'affamer", ajoute la psychologue.
Des jeunes filles qui s'affament
Les jeunes filles s'affament donc : "Hier, j'ai pris 380 calories et puis, j'ai mangé des bonbons. C'est devenu 650 calories. Grooossseeee !", se désespère sur Tumblr Anastasia, une jeune Allemande, qui prie "Dieu de me rendre maigre". Une autre se réjouit car elle va passer la journée "chez des amis et ma soeur qui me laissent ne pas manger. Super !". Or, les besoins énergétiques d'une adolescente tournent autour des 2.500 calories par jour, selon des recommandations de l'OMS.
"Mince partout sauf les seins"
Ces régimes "déclenchent très vite des troubles du comportement alimentaire", ajoute Mme Greenberg et par delà, des dégâts physiques sur le cerveau ou les os, des dépressions et des comportements suicidaires, selon les spécialistes. Cet idéal de minceur -- "mince partout sauf les seins" -- s'étale dans les magazines, accuse Shannon Snapp, sociologue de l'université de l'Arizona pour qui il faut "arrêter d'acheter ce type de médias". "Le message est clair, qui dit : "si vous ressemblez à ça, vous serez belles et acceptées", ajoute la sociologue pour qui "les adolescentes sont sans doute les premières à en subir la pression, parce qu'elles sont en pleine puberté".
Ces obsédées de la minceur "cherchent à être acceptées socialement, à être dans la norme, comme les adultes", ajoute Natalie Boero, sociologue de la San Jose State University. "Elles savent que dans une société sexiste, leur corps est une monnaie d'échange et veulent accroître ce qu'elles pensent être leur valeur sociale", ajoute-t-elle.
Pourtant, sur internet, mannddda "déteste quand les gens me disent que je suis stupide de vouloir un thigh gap et être maigre. Ce n'est que pour MOI. Je veux me voir dans un miroir et être heureuse", proclame-t-elle. Quant aux garçons censés être séduits, "les études montrent qu'ils préfèrent un peu plus de chair", ajoute Abigail Saguy, sociologue à l'UCLA de Californie.
Pour cette spécialiste de l'image du corps, la minceur est par ailleurs "devenue de plus en plus associée à la classe sociale, c'est un moyen de montrer un statut social supérieur". A l'inverse, "être gros non seulement connote un statut inférieur, mais il peut le déclencher. Des études montrent que les femmes rondes seront moins embauchées, si elles sont embauchées elles seront moins payées, elles se marieront moins, etc", ajoute Mme Saguy.
Néanmoins, la réaction s'organise et de nombreuses jeunes filles ironisent, sur les mêmes réseaux sociaux, sur cette obsession du thigh gap. Une vidéo très drôle, "Cinq façons de simuler un thigh gap", a été postée sur YouTube par tadelesmith qui conseille entre autres de marcher les jambes.... écartées.