LES ARNAQUES SUR INTERNET: DE LA NÉGLIGENCE UTILISATEUR AU DÉLIT CARACTÉRISÉ
Vous en avez déjà peut-être fait les frais un jour, et bien souvent vous ne savez pas comment vous en êtes arrivé là mais voilà: Votre compte bancaire a été débité d'un montant, faible, mais récurrent, sans que vous sachiez à quoi cela correspond. Arnaque? Pas forcément. Ce sont généralement des services tout à faits légaux, qui ont pignon sur rue mais qui souvent utilisent des moyens détournés et des zones d'ombre pour accéder à votre porte-monnaie. Et au delà de ça, certains prestataires utilisent et abusent de la crédulité de l'utilisateur pour soutirer des abonnements, quitte à traverser la frontière légale pour imposer des conditions d'utilisation rémunératrices.
Un SMS qui cache un abonnement illimité
Ces produits ou services, vous les connaissez tous, pour avoir déjà vu les publicités un peu partout, sur les chaines de la TNT ou sur Internet. Vous avez même été tentés de télécharger certains de ces produits. Et même franchi le pas, pour profiter du scanner déshabillant, des sonneries de téléphone René la Taupe ou pour jouer à Doodle Jump.
Le single que Jean-François Copé veut faire interdire...(ou pas). Mais qui nécessite un abonnement.
Sans s'en douter, on entre son numéro de téléphone, pensant payer juste le prix du SMS ou une légère surtaxe pour bénéficier de ces produits...Sauf que voilà, tous les mois un petit montant est maintenant prélevé de la facture du téléphone, en complément du forfait. Et cela est aussi valable pour les factures Internet...
Ces services de prélévement automatiques sont tout à fait légaux. Et même bien pratiques pour ses prélévements automatiques, puisque la banque n'est plus sollicitée et il n'y a plus besoin d'envoyer autorisations signées et RIB aux différentes parties.
Sauf que, la tentation est grande pour les prestataires de profiter de cette facilité. Il n'est donc pas rare de découvrir en petits caractères ou au milieu de CGV les conditions d'abonnements, qui peuvent paraître abusives, surtout en regard du service rendu.
Une durée d'engagement ferme, un prix exorbitant...lisez toujours les petits caractères
C'est le modèle économique adopté par les fournisseurs de contenus numériques ciblés: Sonneries de portable, applications, jeux vidéo, MP3, films, logiciels, charme...L'utilisateur pense ne payer que le prix d'un SMS surtaxé, et se retrouve avec un abonnement, qu'il a peine à déceler. Si la plupart des sociétés qui utilisent ces moyens ne font pas dans l'agressivité, d'autres se permettent de pousser le bouchon un peu loin et utilisent des combines pour arriver à leur fin.
Mais tout cela ne relève que des techniques commerciales agressives et borderline. Les vraies arnaques sont ailleurs et peuvent vous coûter beaucoup plus que quelques euros tous les mois...
Les enfants, une cible rêvée Vous avez des enfants? Ils utilisent votre tablette, leur propre smartphone et jouent à des jeux en ligne? Alors méfiez vous. Ce sont les cibles privilégiées pour les pourvoyeurs d'abonnements. L'application "Subway Surfers" est gratuite? Qu'à cela ne tienne, un service la propose aussi, mais en souscrivant un abonnement mensuel. Votre enfant est dingue d'Habbo, le jeu social? Attention, car l'achat de monnaie virtuelle peut s'effectuer par Internet+...Le dernier tube de Violetta, Miley Cyrus ou des One Direction peut devenir une sonnerie de téléphone? Mais oui, moyennant un abonnement bien dissimulé. Et bien évidemment, ne comptez pas sur un remboursement des prélévements déjà effectués...Idem pour les achats "in-app" de certaines applications, le store est lié au compte du propriétaire du téléphone et le prélévement s'effectue directement. Imaginez vous avec des factures de téléphone dépassant les 2 000 €...cela est déjà arrivé et amené Apple a procéder à des remboursements et renforcer sa politique de sécurité vis à vis des paiements. |
Les réseaux sociaux, l'autre pays de l'arnaque
Alors que nous préparions cet article, une affaire a éclaté sur Facebook, mise en lumière par Hoaxbuster, les spécialistes de la fausse rumeur et des supercheries sur Internet. Cela tombe bien, nous allons ainsi pouvoir analyser le mécanisme d'une arnaque et montrer comment un utilisateur peut se retrouver le fil à la patte...
Le précieux Graal qui a enflammé les réseaux sociaux est une carte cadeaux soit disant offerte par les magasins H&M d'une valeur de 500€. Pour la recevoir, il suffit de répondre à une enquête en ligne. Rien de plus simple, sauf que l'enquête en question n'est qu'un prétexte pour détourner les clics et récupérer des inscriptions à différents services.
La page en question...si vous la voyez, fuyez!
La page en question s'est très vite propagée, pour vite devenir source d'énervement pour bon nombre d'Internaute, littérallement excédés par le "flood" de partage. La page en question ne cache pas ses relations: Une page "H&M officiel" qui sert de réservoir à faux like, des pages jumelles (pour une carte cadeau Carrefour ou des concours divers) reposant sur le même principe.
La page H&M "Officiel"...Qui n'a rien d'officiel
A partir du moment où l'on clique, la spirale infernale commence: L'appât du gain est tel que l'on est prêt à presque tout pour espérer toucher les 500€ de bons d'achat, sans faire trop attention. Par exemple, la première page renvoie bien vers des liens vers le site officiel H&M, mais le gros bouton bien visible renvoie lui vers un site à part, qui n'a rien à voir avec le distributeur de vêtements.
Vous savez ce qu'est un giveaway? C'est un cadeau. Mais ici ce n'est pas un cadeau...
Deux choix s'offrent alors à nous: Soit gagner un lot Apple, soit télécharger des applications pour son mobile. Si l'on choisit la première option, on se retrouve sur un site de concours où il faudra redoubler de prudence pour ne pas s'inscrire à une liste de newsletters publicitaires et de listings de démarchage commerciaux. En gros, le formulaire d'inscription servira surtout à collecter des informations précises sur l'internaute et à cibler des campagnes marketing.
Vous arrivez sur cette page, jusqu'ici tout va bien...
Je remplis le formulaire (notez la dernière ligne, celle qu'il faut lire absolument)
Voici ce qui attend les heureux inscrits...
La seconde option nous amène directement sur la page d'un marchand d'applications, le bien connu KKO Store*qui au même titre que Blinkogold* distribue des contenus numériques par abonnement, avec prélévement sur factures télématiques. Evidemment, nous n'avons pas souscrit à cette offre terriblement alléchante...Pour finalement revenir à la page d'origine, qui attend toujours que nous terminions l'enquête...Qu'à cela ne tienne, nous remplissons le formulaire de concours en précisant bien que nous ne voulons pas nous inscrire sur les listes de diffusion.
Chaud KKO, surtout pour la facture mensuelle...
Mais la page refuse toujours de nous montrer la procédure pour recevoir 500€. Au contraire, un nouvel onglet s'ouvre et veut tester notre intelligence! En fait, il s'agit d'un test complètement bidon qui renvoie vers des publicités...
Mais lâchez moi à la fin!
Nos conseils pour s'affranchir de ces arnaques et comment se désabonner
Il n'existe aucun réel moyen d'éviter les arnaques, à part de prendre le temps de lire absolument tous les petits caractères, les CGU, de vérifier où le site est hébergé (si c'est au Panama ou dans une chambre d'hôtel au Nevada, fuyez) et de ne pas faire confiance aux enquêtes, sondages, concours, qui mélangent l'anglais et le français, enchaînent les fautes d'orthographe ou sont dysfonctionnels. Ne contractez jamais un abonnement qui vous engange pour des périodes "fermes": C'est interdit par la loi française et souvent les services offerts coûtent le triple de leur valeur.
Attention également aux abonnements secs. Il se peut qu'un service réclame en plus des jetons, de la monnaie virtuelle ou des points pour acheter des produits supplémentaires. Ce sont des frais hors abonnement, qui peuvent rapidement faire gonfler la facture. Nous vous avions déjà parlé des logiciels qui demandent un code reçu par SMS pour s'installer, sachez que cela peut s'étendre à beaucoup de produits et que l'on ne sait jamais ce qui se cache derrière ce type de paiement.
Mais, si vous avez souscrit à un abonnement Internet+ ou SMS+ et que vous ne savez pas comment vous désabonner, sachez que la procédure est très simple: Il suffit de vous rendre dans votre espace personnel sur le site de votre fournisseur d'accès (Internet ou téléphone) et de supprimer cetet option. Cetet procédure est expliquée en détail sur cette page pour tous les opérateurs.
Si vous vous sentez floués, vous pouvez aussi contacter la DGCCRF mais ne comptez pas obtenir de résultats probants pour tout abonnement contracté auprès d'un fournisseur étranger.
Si vous avez des enfants, pour éviter les achats "in-app" ou achats intégrés sur lesquels vous n'avez aucun contrôle, vous devrez obligatoirement configurer vos smartphones pour empêcher ce type d'achat. Sur Internet, il faudra vous rendre dans votre espace abonné et désactiver les paiements par services au préalable-sans oublier de configurer un contrôle parental qui filtre également les pages de paiement et évite ce type d'excès. Apprenez également à votre enfant à ne pas considérer l'achat de gemmes, fruits, crédits, ou personnages comme un acte anodin, mais bien une transaction commerciale qui peut être lourde de conséquence...
*Exemples parmi d'autres. Ces sociétés sont dans leur bon droit mais il est parfois utile de mettre des noms sur les pourvoyeurs d'abonnements.