… Mon amie la punaise rayée feu et noir sur une branche d’aneth, je t’ai surprise collée par l’extrémité de l’abdomen à une de tes congénères dans une noce renouvelée du fond des âges, une noce qui dure peut-être plus longtemps qu’une noce d’humains…
Mon amie la cigale, je t’ai tenue une fois, une seule fois dans ma vie, dans le creux de ma main, retenue au bout de mon doigt, toute légère, délicate, si élégante, toi, la reine des insectes, la plus belle avec tes ailes si fines et si transparentes. J’ai levé le doigt, tu es partie plus vite que la lumière d’une étoile filante.
Mon ami le rat, depuis que je t’ai vu, une fois, assis sur ton derrière, en bas sur la première marche de l’escalier d’une cave et me regardant pas à pas descendre ; depuis que je sais que tu parviens à te saisir de la miette de fromage en appât, sans que la tapette se détende, je ne tends plus de tapette ni ne pose plus de nasse pour te prendre…
Mon amie l’araignée, lorsque tu tisses ta toile en plein centre du passage par lequel je jette mes épluchures de légumes sur le tas de fumier prisonnier d’une tour aux épaisses murailles de verdure, au fond du jardin, eh bien mon amie, dis-je, lorsque je te vois ainsi, petite étoile à huit branches se mouvant au milieu de la toile, je me baisse afin que de ma tête ou de ma main, je ne déchire les fils que tu as tendus. Je n’ai donc aucune pitié pour le moucheron qui viendra se prendre dans ton filet et dont tu suceras l’intérieur de l’abdomen du moucheron…
Mon amie la grosse mouche grise à tête rouge, ta légèreté et ta célérité qui ne semblent faire qu’un, m’enchantent. Sans doute es tu la plus rapide des mouches. Un oiseau peut-il donc t’attraper ? L’on ne te voit qu’au dehors, au soleil et jamais dans les maisons comme tes petites sœurs grises ou tes lourdes cousines bleues qui, elles, bourdonnent et se posent sur les assiettes sales.
Mon ami le bousier, qui élit domicile dans le caca de vache, tout rond et tout bleu noir, lorsque je te vois sur le dos agitant tes six pattes, je te remets sur le ventre non sans avoir posé mon regard sur les reflets bleu vert de ton abdomen.
Mon ami le lézard, si leste et si léger, toujours je te suis du regard…
Mon ami le crapaud, si placide, réputé si laid, ton pipi dans le creux de ma main lorsque je t’ai tenu afin de te mieux observer, ne m’a jamais donné de boutons comme cela m’est arrivé sur le visage après avoir mangé du pâté de foie à 2 balles…
Cette écriture de moi, aussi immense, je la résume par mon visage et par mon regard
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yugcib
Merci pour les 12 ans de "Petite Feuille"
De la part de toute l'équipe de "Petite Feuille" nous vous remercions, vous tous, pour votre participation et votre soutien !
Merci pour vos talentueux textes !
Félicitation ! une histoire originale, tendresse, humour, coquine… Bravo !