Joëlle, instit sans salaire, dépannée avec des bons alimentaires

le mercredi 05 novembre - 14h57


La grogne s’intensifie en Seine-Saint-Denis. Ce mardi plus de 300 jeunes professeurs des écoles stagiaires manifestaient à Livry-Gargan. Ils devraient être plus nombreux encore à se rassembler mercredi devant la direction académique de Bobigny. Ce qu’ils réclament ? Une révision de leur formation, mal adaptée, mais aussi le versement des salaires de certains de leurs collègues
 - une trentaine selon les syndicats – qui n’ont toujours perçu aucun acompte depuis la rentrée scolaire.

 Pour faire face à ce « problème technique », la direction académique a proposé des bons alimentaires aux 231 enseignants stagiaires et contractuels concernés jusqu’à la semaine dernière. Témoignage de Joëlle, 53 ans, qui est allée demander un carnet de tickets aux services sociaux de l’Education nationale.
Joëlle : «Je n’avais jamais eu de problèmes financiers»
Avant cela, Joëlle ne s’était jamais sentie humiliée. Pourtant, à 53 ans, cette mère de famille de trois grands enfants montre avec amertume et déception le carnet de tickets alimentaires qu’elle est allée chercher aux services sociaux de l’Education nationale. « J’ai un certain âge, une carrière de militaire derrière moi et je n’ai jamais eu de problème financier, liste-t-elle. Je trouve cela scandaleux de proposer des bons alimentaires à des gens qui sont diplômés. »

Comment en est-elle arrivée là ? Contractuelle depuis trois ans, Joëlle a finalement passé le diplôme et enfilé, à la rentrée, sa nouvelle casquette de professeur stagiaire dans une école d’Aulnay-sous-Bois. Heureuse ? Oui. Ravie même !

Jusqu’à ce qu’elle constate qu’elle n’était pas payée, comme 230 autres collègues du département. Officiellement à cause d’un « problème technique », certains enseignants stagiaires n’ont touché aucun salaire ni acompte jusqu’à la semaine dernière. Un scénario catastrophe pour la plupart d’entre eux. Le 20 octobre dernier, Joëlle faisait donc partie des manifestants venus réclamer leur dû devant la direction académique de Bobigny. « C’est là qu’on nous a parlé des bons alimentaires pour la première fois, se souvient-elle. Il y avait une maman avec son fils qui expliquait qu’elle avait dû frauder dans les transports pour venir. Et qu’elle ne savait pas comment le faire manger le soir. »
 
Alors Joëlle a demandé à avoir des bons alimentaires, davantage « par principe que par besoin ». « Ils nous ont dit qu’il fallait aller les chercher au rectorat de Créteil », poursuit-elle. Mais quelques jours après, les fameux tickets de 5, 10 et 20 € sont rapatriés à Bobigny. Avec trois autres enseignants non payés, Joëlle passe le cap et « réclame » des bons. « Il n’y avait que trois carnets disponibles à Bobigny, précise-t-elle. Nous étions quatre. On nous a dit qu’une personne ne pourrait pas en avoir.En réalité, ils étaient persuadés que personne n’oserait en demander. »

Et bien oui, les profs français sont mal payés ! Doit-on les plaindre ?

Vos commentaires ....

j'ai travaillé pendant des années comme responsable du personnel dans le privé ( contrats, paies...) je peux vous dire que si un salarié entré en cours de mois n'avait pas reçu son salaire en fin de mois...et l'inspection du travail nous serait tombé dessus à bras raccourcis ! mais là, c'est l'état, alors c'est normal !
on a vu la même chose avec les militaires, qui n'ont pas reçu la totalité de leur solde pendant des mois ( plus d'un an ! ) parce qu'il y avait un problème dans le logiciel ! on nous prends ( et eux surtout ! ) pour des ....

Les mieux payés en Algérie ,ce sont les militaires,les gendarmes et les policiers.Nous les éducateurs,on nous qualifie de classe consommatrice ,et c'est pour cette raison que nos salaires sont bas par rapport à la frange citée plus haut.Mais avec le cout de la vie rares ceux qui arrivent à joindre les deux bouts.

Les professeurs des écoles qui commencent aujourd'hui ont un avenir très incertain. Ils ne peuvent savoir combien de temps leur statut existera encore ni quelle entourloupe l’État leur réserve. Il y a de bonnes chances qu'ils exercent encore à soixante-dix ans, ce qui devrait leur assurer un départ au bout de la hors-classe, frisant actuellement les 3000 euros nets par mois. Sans décote, ils peuvent espérer l'équivalent d'une retraite actuelle à 2000 euros !