Ce texte est une suite de réflexions en vrac, un peu comme un billet sort d'un téléscripteur; tcick tchick tchick. Il y a du réel et du supposé. La réflexion -au calme- est un exercice que beaucoup d'entre nous seraient bien avisés de s'adonner car on entend trop de bêtises comme à chaque fois que nous sommes blessés dans nos convictions, si promptes à construire des dogmes.
Même si je trouve cela curieux, folklorique, ou peu pratique, je me dois de préciser à ce stade que personnellement je n’ai aucun problème particulier avec le bonnet de ma tante ou les dreadlocks de mon voisin ou le pendentif religieux de la caissière et que je n’en ai pas davantage avec le voile de Madame Machin, sauf si à cause de sa longueur je marche dessus et que je me casse la gueule ! Si cette dernière me confiait qu’elle le porte contre son gré, et ne pas le faire serait mortel pour elle, j’aurais certainement le réflexe de l’encourager à trouver les moyens de vivre comme elle l’entend. Je réagirais de même si on obligeait nos femmes à porter des bas résille ou le kilt écossais.
En dehors d’un tel scénario, qu’une femme décide ou non de porter telle ou telle liquette ne me regarde pas. Que ce soit pour des motifs personnels, religieux, esthétiques ou autres, c’est son affaire. Étonnante, cette manie qu’ont les gens dans nos pays de projeter leurs fantasmes sur un carré d’étoffe, qui l’aliénation de la femme, qui la peur de l’invasion islamique, qui la défense du droit masculin à la drague capillaire, etc. Peu m’importent le voile, les talons hauts ou même le t-shirt "Je suis Charlie" made in Bangladesh, du moment que la personne dessous, dessus ou dedans mérite le respect, me respecte, et bien sûr qu'elle ne fait pas de prosélytisme discriminatoire. Où en sommes-nous rendus pour qu’il faille réhabiliter un principe aussi évident ? Que nous arrive-t-il ? Essayez d'y réfléchir, vous verrez, c’est le meilleur préventif contre l’ulcère à l’estomac et la sauce blanche dans la tête.
La France est tout de même un pays qui désormais interdit à une femme de travailler dans une crèche au motif que le bout de tissu qu’elle porte sur la tête offenserait les bambins et leurs parents. Où une élève de troisième coiffée d’un bandana jugé trop large se fait exclure de son collège avec la bénédiction d’un maire, du ministre de l’Éducation Nationale. Où l’on peine à trouver un comptoir de bistrot ou une table de fins lettrés sans qu’à un moment ne se déverse le genre de blagues antisémites qui, à certains, font péter les boyaux de rire. À ce propos je vous signale que les peuples sémitiques incluent les arabes et les juifs...
Un espace de vie l’on considère comme une avant-garde de la cinquième colonne toute femme qui se couvre les cheveux, au point qu’on lui interdit de participer à une sortie scolaire ou de faire du bénévolat aux Restos du cœur. La "burka" est évidemment un cas à part qui n'a pas sa place dans ce texte-ci.
Une certaine dramaturgie obsessionnelle envers les musulmans se manifeste depuis une grosse dizaine d’années et elle a des effets tout à fait concrets. Elle a puissamment contribué à répandre dans l’opinion l’idée que l’islam est un « problème » majeur de la société française. N'est-ce pas plutôt le modèle de société que nous avons laissé se construire qui pose problème ? Que rabaisser les musulmans n’est plus un privilège de l’extrême droite, mais un droit à l’impertinence sanctifié par la laïcité, la république, le « vivre ensemble mais pas comme eux », et même, ne soyons pas pingres sur les alibis, par le droit des femmes.
Être arabe et être musulman ce n’est pas la même chose. Mais vous savez quoi ? Musulman et musulman, ce n’est pas pareil non plus. Il y en a de toutes sortes, riches ou pauvres, petits ou grands, sympathiques ou revêches, généreux ou rapiats, désireux d’un monde meilleur, réactionnaires et même, oui, intégristes. Rien ne ressemble davantage à un musulman qu’un autre musulman. Trop représenté sous les traits d’un faible d’esprit, d’un fanatique, d’un terroriste, d’un assisté. La musulmane ? Toujours une pauvre cloche réductible à son foulard, et qui n’a d’autre fonction sociale que de faire des floppées de gosses et d'être analphabète.
Je ne sais comment vous voyez l'avenir, mais si on continue dans ce sens-là, j'ai idée qu'il est plutôt sombre, pas vous ?
Tout homme disposant d'un pouvoir,
est susceptible d'en abuser
MONTESQUIEU
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