Sauve qui peut la vie, de Nicole Lapierre, Seuil, « La librairie du XXIe siècle », 250 p., 17 €.
C’est un livre pour « bercer le souvenir » d’une sœur et d’une mère qui, l’une et l’autre, ont mis fin à leurs jours, un livre pour les accompagner en douceur. Quand on choisit de quitter la vie, de se suicider, comme Francine et Gilberte l’ont fait à des moments différents de leur existence, on laisse les vivants égarés dans une tristesse mêlée de stupeur.
Soigner ce désarroi par des explications de toute sorte – et l’imagination est fertile devant la mort – est une tentation naturelle chez les proches. Cet élan, Nicole Lapierre le refrène. On peut même dire qu’elle écrit Sauve qui peut la vie contre lui. Contre les conclusions rapides, les projections, les enfermements dans une causalité unique.
On sent qu’il lui importe de maintenir du jeu, de l’air, pour que la décision, « l’effraction du passage à l’acte », ne soit pas étouffée par les mots pesants dont on la recouvre. « Je ne veux surtout pas les réduire à leur ultime choix. Car je les ai connues espiègles, drôles, frondeuses et moqueuses. »
LE MONDE
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