"Dirigeants, révoltez-vous !"Dans une Interview à Eloïse Cohen
Bruno le Maire parle des Entreprises
Édité le 5 /11/2015Député de l'Eure, Bruno Le Maire prône des réformes radicales pour simplifier la vie des entrepreneurs.
L'ancien ministre de l'Agriculture plaide en faveur d'une simplification drastique du droit du travail et une réforme de la fiscalité.
Chef d'Entreprise : Comment qualifierez-vous le tissu industriel et entrepreneurial français ?
Bruno Le Maire : Enthousiasmant et fragile.
Enthousiasmant car partout où je me déplace, en France, je rencontre des entrepreneurs qui se battent pour développer leur activité et qui font leur maximum pour garder leurs emplois, y compris dans des zones géographiques difficiles.
Je pense par exemple à l'activité de décolletage dans la vallée de l'Arve, où l'esprit d'entreprise et d'innovation est tout à fait exceptionnel.
Je pense à la Cosmetic Valley, aux pôles d'excellence ruraux, au fablab Ici Montreuil : la France regorge de ressources.
Ce qui est également enthousiasmant, c'est la volonté d'entreprendre des Français et notamment des plus jeunes : 550 000 entreprises créées chaque année, dont la moitié sous le statut d'autoentrepreneur.
Ce qui est enthousiasmant encore, c'est notre capacité à innover dans de nombreux domaines, notamment écologiques. Pour autant, il est fragile. Et je le dis avec beaucoup de gravité.
Nous sommes maintenant au pied du mur. Il y a désormais urgence à prendre des mesures radicales pour permettre à notre tissu industriel et entrepreneurial de survivre, mais surtout de se développer, de croître et donc de créer des emplois.
Quelles sont ces mesures radicales ? Je rappelle que 85 % des embauches dans notre pays se font dans les entreprises de moins de 250 salariés.
Les créateurs d'emplois, ce sont les entrepreneurs, pas l'État !
Face au mur de contraintes, de taxes, de charges et de décisions difficiles à prendre, les entrepreneurs sont souvent seuls.
Je veux être à leurs côtés et les aider à entreprendre dans un environnement sain. Il faut changer l'esprit qui règne dans l'administration et une partie de la classe politique vis-à-vis des entrepreneurs. C'est une vraie révolution que je veux mener dans ce domaine.
D'autre part, depuis une quarantaine d'années, la voix de la France sur l'échiquier mondial et européen s'est affaiblie du fait de l'érosion de notre potentiel économique et de notre tissu industriel, elle doit être rétablie.
Or, il n'y aura pas de puissance ni nationale ni politique sans puissance économique !
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Concrètement, quelles mesures proposez-vous? Le premier problème des TPE et PME françaises, c'est la complexité
et la lourdeur administratives auxquelles elles sont confrontées.
Combien j'ai vu de chefs d'entreprises qui font tout pour ne pas dépasser les 10 ou les 50 salariés !
Que pensez-vous des réductions d'impôts aux entreprises de 33 milliards d'euros prévues pour 2016 via le CICE et le Pacte de responsabilité et de solidarité ? Je reconnais volontiers que le CICE a amélioré la condition de nombre d'entrepreneurs.
Mais ce dispositif reste trop complexe pour les plus petites structures et pose souvent des problèmes de trésorerie.
Je lui préfère donc des baisses de charges immédiates sur les salaires.
Non. Il ne faut surtout pas toucher au CIR, dispositif très efficace qui est un élément clef de la compétitivité de nos entreprises. En revanche, la profitabilité de ces dernières reste trop faible.
Pourquoi ? Car malgré le CICE et les baisses de charges patronales sur les bas salaires, le salaire net représente encore en moyenne moins de 60 % du coût d'un salarié pour l'entreprise et à peine un peu plus de la moitié pour les cadres.
Cet écart est beaucoup trop élevé. C'est l'un des plus hauts des pays de l'OCDE. Surtout que, j'insiste bien, dans cette équation, il n'y a que des perdants : le dirigeant pour qui le coût du travail est trop élevé et son collaborateur car son salaire net, est trop faible.
Comme il est absolument impossible d'augmenter les rémunérations sans détériorer la compétitivité, la seule solution est de réduire massivement les charges et donc de réduire la dépense publique que ces charges financent.
La seconde chose, c'est que l'ensemble des taxes touchant les entrepreneurs sont un maquis dans lequel plus personne ne s'y retrouve. Et qui pèsent de manière dramatique sur la production, qu'il s'agisse de la TVA, de la taxe sur la formation ou de la C3S. Je plaide pour une fiscalité plus stable, plus lisible, recentrée autour de l'impôt sur les sociétés.
Et enfin, inventons des dispositifs de transmission du patrimoine industriel qui permettent de préserver nos PME familiales.
Les dispositifs existants, tels Dutreil, sont insuffisants.
Il faut supprimer l'ISF qui impose aux familles d'entrepreneurs de vendre leurs parts ou d'exiger des dividendes quand elles ne sont plus directement dans la gestion pour pouvoir payer cet impôt.
Quand on voit les blocages que la loi Macron a provoqués, ne doutez-vous pas de la capacité de réforme de la France ?
Quand on fait de petites mesures, on suscite de gros blocages.
Et contrairement à ce que l'on croit, quand on conduit de grandes mesures, on ne provoque que de petits blocages.
Plutôt que d'opérer des réformes ici et là qui ne donneront aucun résultat, ouvrons la voie à des changements profonds qui auront un impact sur la croissance et donc sur l'emploi.
Depuis 40 ans en France, on pense à redistribuer de la richesse avant d'en créer.
C'est tout l'inverse que nous devons faire. On est désormais au pied du mur.
Soit on donne aux entrepreneurs les moyens de se développer, d'être profitable, de transformer leur enthousiasme pour créer des centaines de milliers d'emplois. Soit on conserve le même modèle économique et social qu'on ajuste de temps à autre et rien ne s'améliorera.
Que pensez-vous des 35 heures ? Chaque entreprise doit pouvoir décider, en son sein, de la durée du travail en fonction de son carnet de commandes. Sortons de cette logique marxiste qui régit la France depuis des années et selon laquelle le patron est méchant et que le salarié doit en être protégé.
Notre priorité, c'est de donner un emploi à tous et ces emplois, ce seront les PME et les TPE qui les créeront. Simplifions-leur la vie!
Quelles mesures proposez-vous pour réformer le RSI ? Je suis indigné de voir la façon dont sont traités les commerçants, les artisans ou les professions individuelles. Pendant des années, ils travaillent et cotisent des sommes importantes pour, à leur retraite, parfois attendre jusqu'à deux ans avant de la toucher. Vous trouvez ça normal ? Pas moi. Je demande donc la liberté d'affiliation au régime général.
D'autant que ça créera de la concurrence et encouragera le RSI à prendre les réformes nécessaires. Je réclame la mise en place d'un droit opposable à la retraite pour les indépendants : ils doivent pouvoir percevoir leur pension au plus tard 4 mois après avoir déposé leur dossier.
Quels sont les défis des chefs d'entreprise ?
L'industrie est un secteur d'avenir où demain la robotisation créera des postes qualifiés et bien rémunérés. Encore faut-il former les jeunes... et ce n'est pas le cas! Vous n'avez qu'à voir certains CFA qui ne parviennent pas à se remplir alors qu'ils offrent des taux d'employabilité, à leur sortie, de 100 %. Il y a quand même un problème!
Quels conseils donneriez-vous aux chefs d'entreprise ? Je leur dirais de se révolter davantage pour obtenir un modèle économique différent, plus favorable à la création de richesses et donc à l'emploi. J'aimerais les entendre davantage, tous ceux qui vivent dans un modèle défavorable et qui souffrent de trop de contraintes administratives, d
'une fiscalité trop lourde et de charges trop élevées. Qu'ils exigent de leurs responsables politiques les changements nécessaires devant lesquels la France a reculé pendant 40 ans. Un pays qui ne dispose pas d'une capacité industrielle forte est un pays faible.
Partie de texte par Eloïse COHEN (Sources Chefs D'Entreprises)
Si rien ne change, les PME risquent de ne plus tenir,
Les micros entreprises, ne sont pas de mise
Les micros entreprises ne tiennent pas la route
Etre au réel simplifié était une bonne chose il y a quelques décennies de cela - avant 1981,
Depuis, les charges se sont succédées, à vitesse grand V
Les PME si elles n'investissent pas, se voient imposer de lourdes charges.
Les SA, elles - et on ne le sait que trop peu
Font faillite, puis se relèvent sous un autre nom
Une loi, a hélas permis cette possibilité,
Les SA de ce faite, ne paient pas leurs charges
Ce son les PME qui subissent tout, sur leurs épaules
Quand au RSI, charges lourdes également en ce sens
Tenir une Entreprise est un choix
Être honnête en est un autre
Il faudrait une grande réforme concernant l'Entreprise,
en général :
Afin que fraudes il n'y ait plus?
Afin que les grosses sociétés ne partent pas
sans que l'on sache jamais ou,
avec des milliards en poche pour une grande partie
Et pour une autre, quelles n'aient pas droit
à se relever.
Hélas cela ne sera pas, car :
Plus d'emplois il y aurait (trop long à expliquer ici)
Aussi que les PME ne soient pas elles, surchargées d’impôts
en tout genre, alors que les SA font faillites sur faillites