En 1916, à l'âge de 70 ans, Louis Einricht entreprit le coup fumant de sa carrière. En ces temps, l'essence était rare et chère à cause de la guerre qui faisait rage en Europe... Profitant de cette opportunité Louis Einricht se dit tout naturellement qu'il allait en profiter.
C'est ainsi que ce 11 avril 1916, il convoqua un groupe de journalistes dans sa cour à Farmingdale sur Long Island (Etats-Unis). Il leur annonça avec le plus grand sérieux qu'il avait trouvé le moyen de substituer à l'essence un produit 30 fois moins cher. Pour convaincre son public, il prit une longue baguette qu'il inséra dans le réservoir, il l'en retira complètement sèche. Puis il s'en servit pour taper sur le réservoir, il sonnait creux, de toute évidence il était bien vide. Il invita ensuite les journalistes à inspecter l'auto pour s'assurer qu'il n'y avait pas un réservoir secret ou un double fond. Rien... C'est alors qu'il saisit une fiole de 2 onces d'un produit chimique vert auquel il ajouta 1 gallon d'eau provenant d'un tuyau d'arrosage, eau qu'il avait au préalable pris soin de faire goûter à ses invités, qui n'y avaient vu que de l'eau. Il versa le tout dans le réservoir de la voiture, monta dans la voiture et la fit démarrer en un tour de main. Dès le lendemain, les journaux publiaient la nouvelle. On pourrait dorénavant faire rouler les voitures, les tracteurs, les camions à moindre frais... rien qu'avec de l'eau ou presque !!!
Einricht reçut des centaines de lettres, dont plusieurs lui offraient gloire et fortune. Il fit le mort, ne répondit ni aux lettres, ni au téléphone, ni à la porte. Cependant, deux semaines plus tard, Henry Ford lui-même se présentait chez Einricht, qui le reçut et lui fit une démonstration de son produit. Ford lui offrit une voiture neuve pour continuer ses expériences et lui fit un chèque de 10 000 $¬¬¬¬¬¬ (nous sommes en 1916) comme avance sur la somme totale qui lui serait versée pour l'acquisition de la formule du fameux liquide vert, achat qui serait porté sur un contrat mis au point par les conseillers légaux du magnat de l'automobile. La nouvelle du contrat parut dans les journaux, Einricht ayant bien pris soin de prévenir le New York Times lui-même en déguisant sa voix. Et Hiram Percy Maxim, président de la compagnie de munitions Maxim sise au New Jersey arriva aussitôt chez Einricht pour s'enquérir de cette histoire. Est-ce un contrat coulé dans le béton ? Bien sûr que non, répondit Einricht, sentant venir la bonne affaire. Et on dit qu'il remit 1 000 000 de dollars à Einricht pour son invention, en plus de lui remettre 100 000 actions de sa compagnie évaluées à l'époque à 10,50 $¬¬¬¬¬¬ chacune, soit un autre million !
Henry Ford était furieux, mais pas pour longtemps. Des recherches conduites par Thomas Edison et son chef ingénieur, le docteur Miller Hutchinson démontrèrent que 2 onces d'une solution d'acétone et d'acétylène combinée à 1 gallon d'eau pouvaient fort bien actionner un moteur d’automobile. Le hic... c'est que ce mélange était 2 fois plus cher que le pétrole et qu'il contribuait grandement à la corrosion du moteur !!!