[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Dolvanne est mort, jeudi, six mois jour pour jour après sa naissance à la polyclinique de Compiègne. Ce nourrisson, « mignon mais avec un air triste » selon des voisins, était le dernier d’une fratrie de huit frères et sœurs avec, à sa tête, une femme de 44 ans, Irène Vidaillet.
Cette Compiégnoise récemment installée à Noyon a été mise en examen dans la soirée de samedi avec son compagnon du moment, un jeune algérien de 23 ans qui n’est toutefois pas le père de l’enfant. « Nous avons retenu comme qualifications les violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Nous attendons le résultat de l’autopsie pour savoir s’il s’agit de négligences qui ont mal tourné ou de maltraitances prolongées », explique-t-on au parquet de Senlis. La mère encourt trente ans de réclusion criminelle. Son ami, quinze ans.
Le drame s’est joué mercredi dernier. Les pompiers sont alors requis pour un nourrisson en arrêt cardio-respiratoire, square Kennedy à Noyon, au nouveau domicile d’Irène Vidaillet. Au vu de son état de santé, l’enfant est héliporté à l’hôpital d’Amiens (Somme) où il décède le lendemain. Les médecins décèlent des ecchymoses inhabituelles sur son corps et de multiples fractures. Le couple est donc placé en garde à vue avant d’être présenté au parquet de Senlis le samedi.
Les explications qu’ils fournissent aux autorités sont nébuleuses. Un peu comme la vie de cette femme tourmentée et en grande difficulté. Irène Vidaillet ne travaillait pas et n’avait pas la garde de ses enfants. En état de faiblesse psychologique, elle a habité un temps dans un foyer d’aide aux personnes démunies, à Compiègne.
Arrivée en mars à Noyon, elle désirait commencer une nouvelle vie mais ne voulait pas avoir affaire à ses voisins. Sur un réseau social, elle poste : « Moi, les gent, je les em… » Son comportement en société interroge d’ailleurs les habitants du quartier, informés du drame. Selon eux, elle ne répondait pas à leurs salutations et les regardait avec dédain. « Il y a une semaine, je l’ai vue sur un banc avec son fils. Il pleurait, elle le secouait. Une dame est venue la voir. Elle a reposé l’enfant dans son landau pour le bercer ».
Si cette voisine n’avait pas croisé plusieurs fois Irène Vidaillet avec sa progéniture, jamais elle ne l’aurait imaginé mère de famille. « Ici, les murs sont minces. On entend tout. Mais jamais je n’ai entendu de bébé. Elle, en revanche, parlait très fort. Des fois, elle mettait de la musique pendant quinze ou vingt minutes dans la journée, comme si elle voulait étouffer des bruits. Puis, plus rien. La nuit, il y avait par contre beaucoup de monde qui venait. Ça durait jusqu’à 2 heures voire 4 heures du matin. Des hommes, surtout. »
Quand la gendarmerie vient interroger Irène Vidaillet après les premières constatations des médecins, elle explique que son nouveau-né s’est fait mal avec ses chaussures, alors que les chaussons retrouvés sont en tissu et ne pèsent que quelques grammes. D’après le voisinage, les enquêteurs auraient retrouvé de nombreux médicaments à son domicile. Combinés et donnés à forte dose, ils pouvaient provoquer un état de somnolence chez l’enfant. Les résultats de l’autopsie de Dolvanne devraient être connus mardi.
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