Dans un mélange de réflexions personnelles, de lectures deçà delà et d'auto-analyse, j'en arrive à l'hypothèse qu'il n'y aurait peut-être qu'une ou plusieurs émotions de base possiblement modulées par notre conscience, selon le nombre de retours que la conscience effectue sur elle-même, et selon qu'elle dirige son flux vers l'intérieur ou vers l'extérieur. Exactement dans le fond comme les trois couleurs primaires (jaune, rouge, bleu) en se mélangeant les unes les autres finiraient par se donner naissances les unes aux autres.
D'ailleurs ne pourrait-on pas considérer que le passage d'une émotion à une autre suive une certaine transition de phase? Toute la difficulté serait de trouver quelles sont ces émotions de base et comment elles se composent ou se suivent l'une l'autre dans une logique toujours identique.
Si nous nous arrêtions deux secondes pour nous mettre dans un coin tranquille et nous observer nous-même, nous serions à priori dans l'état d'une absence d'émotion (absence de souffrance, ataraxie), existant simplement en tant que conscience présente au monde, avec nos projets, nos valeurs inconscientes, mais sans que notre conscience soit perturbée un tant soit peu. Le seul élément contextuel qui peut nous sortir de cet état, c'est la surprise, c'est à dire si un changement brusque s'opère dans le champ de notre conscience sans que nous l'ayons anticipé. L'expérience peut s'arrêter là, si il s'agit d'une porte qui grince, d'une personne qui prend la parole, de l'aboiement du chien du voisin, car ce sera considéré comme un nouvel élément qui ne met pas en jeu notre sécurité.
En revanche en imaginant que cet élément perturbateur (qui déclenche donc l'émotion Surprise) soit une araignée qui s'approche de vous et que vous croyez reconnaître comme venimeuse, alors nous entrons dans la première transition de phase, la conscience fait un retour sur elle-même, et la Surprise devient la Peur. Cette peur permet de déterminer le risque, et d'y réagir rapidement de façon adéquate : vous prenez alors vos jambes à votre coup. L'expérience pourrait s'arrêter là, mais si vous ne pouvez pas vous soustraire immédiatement de la pièce où vous vous situez, alors la fuite devient impossible. La conscience fait à nouveau un tour sur elle-même et sur l'émotion Peur pour devenir lors d'une nouvelle transition de phase ce que nous appelons la Colère (l'émotion qui préside à l'action constructive sous toutes ses formes).
La Colère permet de chercher une nouvelle solution à un problème (autre que la fuite) et d'agir sur le monde. Elle naît donc du refus de la Peur, que ce soit parce que la conscience morale a censuré la peur ou parce que la fuite est impossible. Alors on saisit un livre, ou un outil quel qu'il soit, ou même simplement son pieds, et on écrase l'araignée venimeuse. Toutefois, il y a des situations pour lesquelles la Colère est impuissante, lors du décès d'un proche par exemple, ou face à l'irréversible ou à l'impossible en général. Alors la conscience fait à nouveau un tour sur elle même et la Colère devient la Tristesse.
La Tristesse naîtrait donc de l'impuissance de la Colère. Elle permet à la conscience de se réorganiser vers un autre objectif, pour le moins lorsqu'elle ne devient pas une obsession dépressive. Elle naît lorsque aucune solution n'est apparue plausible, qu'aucun nouveau chemin n'a pu être trouvé vers l'objectif qu'on s'était fixé.
Bon, ceci est certainement un bon début pour commencer alors j'arrête là, mais que pensez-vous donc de la vision des émotions comme transitions de phase telle que je viens de le décrire? Pour résumer je dirais donc que l'ordre dans lequel apparaissent les émotions est le suivant : Surprise - Peur - Colère - Tristesse. Mais nous pourrions imaginer d'autres émotions encore qui soient composées de plusieurs de ces émotions de base. Merci d'avance pour votre indulgence sur un sujet compliqué et par nature plutôt flou.
Mais bon tu sais les émotions on les retrouve dans tout être humain, hommes ou animaux, ça fait partie aussi des instincts de base de tout être vivant, la psychologie, pour moi, n'a pas grand chose à y voir, il ne faut pas trop se poser de questions, par contre ce que les émotions peuvent faire comme chaîne de réactions, selon la psychologie des gens, là c'est autre chose. Mais si on épilogue là dessus, on se prend chacun un divan, on s'allonge et il y en a pour un moment ...
Quand on est encore jeune, eh oui, on se torture la cervelle - et c'est bien normal - avec de grandes interrogations restées souvent sans réponses satisfaisantes. Quand on a pris de la bouteille, on adore le divan mais pour faire la sieste paisiblement …
Bonne lecture, Cry, en espérant que tu y trouves ton compte.
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marie48
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