[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Les regards sont captivés, les ouïes concentrées. Des salves d'applaudissements enthousiastes ricochent sur les murs en béton. Ce qui se passe sur la scène du petit espace François-Mitterrand, à Bourg-de-Péage, près de Valence, semble subjuguer cette assemblée. Ce n'est pourtant pas une rock star qui s'y est produite jeudi soir... mais Stéphane Le Foll. Le ministre de l'Agriculture est l'initiateur de Notre idée de la France, plate-forme de réflexion conçue pour vanter l'action du gouvernement, dont il est le porte-voix. Derrière son pupitre, manches retroussées, ce hollandais pur jus galvanise l'assistance.
Sous ses yeux, ils sont 200 militants socialistes. Moyenne d'âge : environ 50 ans. Point commun : ces citoyens pas tout à fait comme les autres soutiennent mordicus l'action du président. Une espèce menacée d'extinction, répètent à l'envi les enquêtes d'opinion. Selon plusieurs sondages récents, 1 à 3 % de Français se déclarent « très satisfaits » de François Hollande. Parmi eux, il y a Nathalie, « enseignante en lettres dans un collège rural », se présente-t-elle, avant d'argumenter : « Le président a redressé les comptes publics. Son bilan est bon. Il est impeccable en termes de valeurs et de morale. Son problème, c'est que l'on est dans une société qui ne s'intéresse qu'à l'image. Or Hollande ne correspond pas à cet air du temps. Mais la politique, ce n'est pas un télécrochet ! »
«Il n'est pas au niveau de Mitterrand. Mais il en est tout proche»
UN SYMPATHISANT
Bernard, 67 ans, se fâcherait presque : « On lui reproche beaucoup sa façon de ne jamais prendre de décision. Mais pour moi, il est l'incarnation du démocrate par excellence. » De l'art de voir le verre à moitié plein pour cet ouvrier à la retraite qui colle des affiches depuis 1979. Et ce n'est pas parce qu'il a le bras cassé qu'il s'en dispensera, sauf si... « Si c'est pas lui le candidat à la présidentielle, faudra pas compter sur moi », assure-t-il. Car dans le panthéon de ce militant socialiste depuis près de quarante ans, Hollande occupe une place de choix. « Il n'est pas au niveau de Mitterrand. Mais il en est tout proche », dit-il, grave. Du coup, Bernard a du chagrin : « Son problème, c'est qu'il ne sait pas faire passer son message. J'ai mal pour lui quand je vois tout ce qu'il prend. »
« Parce qu'on va mieux, en vérité », enchaîne Claude Daumas, 72 ans. Lui a roulé trois heures pour écouter avec ferveur Didier Guillaume, sénateur de la Drôme, et Stéphane Le Foll. « Notre modèle social a été renforcé et abordé avec courage. Le président est un vrai homme de gauche. C'est sûr qu'il y a la crise, mais mes bulletins de retraite ont plutôt évolué », plaide cet ex-cadre bancaire à la retraite. Odette, 76 ans, est tout à fait d'accord. « Je lui mets 8 sur 10 », estime-t-elle. Quid des deux points qui privent Hollande de la note parfaite ? « Le mariage pour tous... Je suis chrétienne alors, même si je sais que c'est comme ça maintenant, j'ai du mal », explique-t-elle. Pas de quoi l'empêcher de faire campagne lorsque François Hollande se lancera dans la bataille pour sa succession. « Je l'aime autant que je hais la droite », soupire-t-elle.
Les petites boutiques du futur candidat
Non, les Hollandais ne sont pas morts. La preuve ? Les structures et initiatives en tout genre se multiplient pour mettre en orbite — en décembre — la candidature du président. « Tout cela ne se fait pas sans lui », souligne une des chevilles ouvrières de la hollandie.
Voilà Notre idée de la France. Lancée avant la présidentielle en 2009, l'association Répondre à gauche (6 000 adhérents), dont les deux piliers politiques sont Stéphane Le Foll et le maire de Dijon François Rebsamen, vient de se fondre cette semaine dans Notre idée de la France. Présidée par l'avocat Dominique Villemot, la nouvelle structure est dotée d'un site Internet, publie une lettre d'information et compte batailler sur les réseaux sociaux. Elle sera surtout le microparti permettant à François Hollande de recevoir des fonds durant la primaire. Hé oh la gauche, qui était un simple appel permettant aux ministres de « réveiller » les militants, va elle aussi se dissoudre dans Notre idée de la France. C'est sous ce nom aux accents gaulliens qu'auront lieu les futurs meetings pro-Hollande (un par semaine, comme jeudi dans la Drôme), le prochain étant programmé le 10 octobre à Cachan (Val-de-Marne) avec Le Foll et Touraine.
D 12 reprend du service. Le club Démocratie 2012, rebaptisé D 12, reste un des piliers du hollandisme. Présidé par l'ancien député du Gard, Jean-Marie Cambacérès, D 12 et son millier d'adhérents entendent défendre le bilan du quinquennat et appellent à la candidature de Hollande. Ce club plutôt de centre-gauche naguère fréquenté par Emmanuel Macron a par exemple établi un tableau des mesures adoptées depuis 2012 et de leurs résultats. Il entend aussi alimenter le candidat en propositions.
Le renfort des personnalités. Dernière initiative en date, des réunions de personnalités de tous horizons, pas forcément pro-Hollande, s'organisent (comme mardi dernier à l'Européen, à Paris). Pilotées par des fidèles du président, elles font l'inventaire — parfois critique — du quinquennat et esquissent une vision de la France à venir. Parallèlement au PS, une cellule « riposte » va soutenir le candidat Hollande dans la bataille.
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