Face au tableau, le professeur patientait. Les élèves s'installaient au son du grincement des chaises et des cartables qui chutaient péniblement au sol, martelant un sol carrelé immaculé de tant de sachants en devenir. Les derniers murmures se dissipaient. Aujourd'hui, contrôle surprise, je distribue les sujets, murmura l'enseignant. Les étudiants se regardaient, frappés de stupeur. Mince, on l'avait pas vu arrivé, sale coup pour nous ! Un à un, les vingt-sept bacheliers prenaient connaissance du sujet... Monsieur, balbutiât un intello du 3 ème rang, mais il n'y a qu'un point noir au dos de la feuille... C'est votre sujet, vous avez 40 minutes pour rédiger vos copies. Après avoir ramassé la dernière feuille, le professeur envoya ses élèves en pause. A leur retour, il leur fit la lecture de toutes les copies, et en tira la conclusion suivante : Tous autant que vous êtes, vous m'avez profondément déçu: Le point noir est petit, il est à 10 centimètres du haut de la feuille, à 5 centimètres du bord gauche, et j'en passe... Voilà ce que vous avez vu, voilà ce que vous avez écrit. Vous vous êtes tous évertués à me parler de ce minuscule point noir, alors qu'il y avait tant à dire sur cette immense feuille blanche, d'une blancheur immaculée, qui apaise le regard. Mais la blancheur provoque en vous l'angoisse de la feuille blanche, et la noirceur vous inspire. Ainsi en va t-il de notre monde. Quand à vous Exil, pourquoi avoir appelé votre sujet : le point noir, et non la feuille blanche ?