Aujourd'hui, j'avais envie de parler suite à une rencontre tout à l'heure. Voici mon petit témoignage sur l'excellente année de Fac d'Histoire que j'ai passé en 2015-2016. Tout se base sur mon expérience.
Donc, déjà, cette Fac c'était un choix que j'avais fait à l'époque parce que j'aimais bien l'Histoire en Terminale et que je voulais approfondir mes connaissances dans le domaine plutôt que de partir en Lettres. C'était aussi parce que mon prof est l'un des meilleurs que j'ai eu de toute ma scolarité et qu'il m'a vraiment fait aimer ça. Pré-rentrée 2015, les profs t'annoncent direct la couleur en te disant que tu vas galérer ta race et que si t'es là pour glander, tu peux déjà te barrer. Ils insistent aussi sur les partiels et la pression que t'as de réussir ton année parce que les places en Histoire sont chères et que la Fac c'est dur. Ils t'annoncent en gros que 70% de la promo va dégager avant la fin et qu'ils ne vont garder que "l'élite". Retenez bien ce mot, il est très important pour la suite.
Le premier mois, tout va bien, les cours sont plutôt sympathiques, les profs restent souriant et t'aident en cas de besoin, parce qu'on sort du lycée et que tu dois prendre tes marques. Ce que j'ai remarqué déjà, à ce moment là, c'est que l'ambiance, c'était pas une ambiance d'entraide, mais plus de compétition malsaine que ce soit de la part des profs ou des élèves. Bien, pourquoi pas, c'est pas la première fois que ça arrivait pour ma part.
Deuxième mois de cours. Soudain, le comportement des profs change brutalement. Ils t'agressent dès que tu poses une question, ils accélèrent le rythme. C'est le début de la désillusion pour moi ahah. Déjà, c'est le moment de tes premiers exposés. Un ou deux, ça va, tu vois, mais là t'en avais un littéralement tous les jours. Ceux qui me connaissaient déjà à l'époque s'en souviennent, je bossais tous les jours, jusqu'à 6h du mat pour essayer de suivre le rythme. T'enchaînes les exposés, t'as l'impression d'avoir bossé des heures, t'es crevé et voilà le résultat : il y en a un qui m'a particulièrement marqué, c'est un exposé d'Histoire Romaine.
Je passe, la prof me sort que c'est très bien, que j'ai une bonne méthodologie et de bons arguments. Résultat ? 4/20 ! Woaw, vous la sentez la bonne méthodologie là ? Bon, je me suis pas attardé sur cette note, qui est la première que j'ai reçue d'ailleurs, et j'ai poursuivi. Peu importe l'exposé, peu importe le prof, jamais réussi à avoir au dessus de la moyenne, alors que je bossais littéralement à me tuer. J'étais tellement crevée mi-novembre que j'ai fait plusieurs malaises en cours, et je n'étais pas la seule. En vrai, étrangement, à part les personnes aisées, personne n'avait au dessus de la moyenne.
Les profs ont commencé à nous traiter comme de la merde à partir de Novembre, en nous rabâchant tous les jours qu'on allait foirer qu'on avait rien à foutre là, que cette licence était pas pour nous, en continuant à monter le niveau d'exigence, parfois ils nous rabaissaient en public si tu savais pas un truc, ils te gueulent dessus si t'oses ne pas savoir quelque chose qu'ils jugent importants. Du côté des étudiants, c'était pas mieux. Comme on était stressés et H24 sous pression, il y a commencé à avoir des engueulades, la compét' est montée d'un cran avec les partiels qui arrivaient.
A ce moment là, moi, j'ai sombré un peu en dépression IRL et j'ai trouvé refuge sur le net parce que j'étais vraiment pas bien. Toute la période des partiels a été horrible à vivre pour moi, je dormais plus, je mangeais plus, je restais H24 le nez dans mes bouquins pour réviser. J'ai eu mon semestre de justesse et les vacances de Noël sont enfin arrivées. Je vous dit pas comment j'ai décompressé pendant tout ce temps, trop heureuse d'avoir un peu de temps pour moi. Puis le second semestre est arrivé.
Déjà, tout le week-end avant la reprise, j'ai fait crise d'anxiété sur crise d'anxiété, je voulais pas y aller, je flippais ma race à l'idée de revoir les profs. J'ai tenu tout le mois de janvier sous la nouvelle pression. On avait les même profs, ils sont devenus de pire en pire. En Février, j'ai développé une phobie scolaire, je me rendais malade rien que d'y penser, je vomissais tous les matins, je faisais des excès de fièvre, j'étais tétanisée à l'idée de parler en classe. J'ai foiré un exposé comme ça, parce que j'arrivais plus à parler, j'étais juste tétanisée. Le prof m'a humiliée publiquement, en me disant que j'allais jamais réussir et que je pouvais me barrer tout de suite.
Au début, je m'en foutais, puis de jour en jour, j'ai commencé à broyer du noir, à avoir des idées suicidaires. Bref, j'ai fait une dépression. Pendant presque 6 mois, j'ai dû voir un psy, parce que ça allait pas du tout. Au même moment, j'ai commencé à sécher les cours. Je devais me forcer à y aller à quelques uns tout de même, parce que voilà, j'étais boursière. Et dès que j'entrais dans le bâtiment, je faisais en gros une crise d'angoisse. J'ai séché presque tout le reste du semestre, je me suis réfugiée sur le net. Créer le journal du FBW, ça a été ma bouée de sauvetage. Sans ça, je me serais probablement suicidée ahah. J'en rigole aujourd'hui, mais je vous jure que ça n'était pas du tout drôle.
Ensuite il y a eu les partiels, j'ai tout foiré, puis les rattrapages, que j'ai tout autant foiré. Le jour des résultats, j'ai été récupérer mon relevé de notes, et j'ai jeté un coup d'oeil au résultats. Sur les 300 personnes que comptait la promo, 12 sont passées en L2. 12 personnes sur 300. Et ça vient des élèves ? Bref, ensuite, je suis partie en Lettres Modernes et j'ai repris confiance en moi.
Aujourd'hui, j'ai croisé une étudiante de L2 Histoire. Ca fait 4 ans qu'elle est en L2. Elle m'a raconté l'enfer qu'elle vivait tous les jours, entre le mépris, le sexisme et la condescendance des Profs. Mais il y a un truc qui m'a plus intriguée. En fait, si elle est coincée depuis autant d'années, c'est qu'elle veut partir dans la recherche. Mais comme elle est boursière et qu'elle vient d'une classe ouvrière, l'accès lui est automatiquement refusé. Quoiqu'elle fasse, quoi qu'elle bosse. Ils veulent juste pas d'elle parce que ça fait tâche dans leur précieuse petite élite. Je trouve ça dégueulasse et j'admire son courage, ça fait 4 fois qu'elle se bat pour y entrer et qu'on lui refuse. Et c'est probablement la raison pour laquelle nous autres avons été lynchés pendant une année entière comme des sous-merdes.
En conclusion, je dirais que cette expérience n'aura été que négative et que j'ai une putain de chance d'avoir réussi à rebondir, ce qui n'est pas le cas de tous, puisque j'ai quelques contacts d'anciens étudiants aujourd'hui dépressifs et phobiques sociaux. Je souhaite à personne de vivre ce que j'ai vécu et si vous vivez ça, cherchez même pas et barrez-vous de là, ça vous mènera à rien. L'égalité des chances n'a pas la même définition selon le domaine où vous voulez étudier. Accrochez-vous, rebondissez et trouvez-vous une roue de secours, ne serait-ce que pour prévoir. Aujourd'hui tout va bien, j'ai même une excellente moyenne, comme quoi