BAYONNE (AFP) © 2013 AFP
Une petite fille de cinq ans a été extraite mardi de la cantine municipale d'Ustaritz (Pyrénées-Atlantiques) par une policière, en raison d'un impayé de 170 euros, et la scène n'est passée devant ses camarades éberlués qui ont cru qu'elle serait emprisonnée.
"C'est un procédé irresponsable (...) on ne prend pas les enfants en otage de cette manière", a fustigé le directeur de l'école Saint Vincent, Laurent Aguergaray, précisant que Léa et ses camarades avaient été traumatisés: "Quand Léa est revenue (mardi) dans l'après-midi, ils étaient étonnés. Ils pensaient qu'elle était en prison. La maîtresse a discuté avec toute la classe pour tenter de dédramatiser".
"Léa a pu tout imaginer à ce moment la, y compris le pire", a estimé de son côté, furieux, le père de la fillette. Celui-ci a cependant indiqué jeudi soir qu'elle "va bien".
Le ministre de l'Education nationale s'est également insurgé contre cette mesure "scandaleuse". "Je désapprouve fortement cet acte. Je crois que l'ensemble des Français auront la même considération et de la peine qu'un élu puisse avoir un comportement de cette nature", a commenté Vincent Peillon.
"Tous les enfants de France doivent être dans leur cantine et manger, et ne pas être victimes d'actes, qui, de cette nature, sont des actes de violence", a-t-il estimé.
"Il peut y avoir des difficultés avec les parents, jamais on ne doit s'attaquer aux enfants", a dit le ministre.
Selon le père de Léa, la policière municipale est entrée "en plein déjeuner des enfants" dans la cantine située à quelque 200 mètres de son école, pour ramener Léa au domicile de sa mère. Mais dans le même temps, celle-ci était partie la chercher à l'école et la policière l'a alors conduite dans les locaux de la police où "elle a été nourrie".
Le maire sans étiquette de la commune Dominique Lesbats a regretté "le déroulement des événements" mais souligné que "la mère avait été avertie mardi qu’elle devait venir chercher sa fille, qui ne pouvait pas déjeuner à la cantine" et que cette dernière n'est finalement "pas venue".
Selon lui, les services de la mairie étaient engagés "depuis plus d'un an" dans une procédure pour une dette de cantine avec les parents de Léa, qui sont selon lui dans "une mésentente terrible". Mais malgré "quatre convocations en 2012", ces derniers ne se sont "jamais présentés", a-t-il affirmé.
"S’ils avaient fait l’effort de venir, nous aurions mis en place avec les services sociaux une procédure pour que Léa puisse continuer à prendre ses repas à la cantine", s'est-il défendu.
La Fcpe-64 a jugé "totalement injustifiable" cette intervention policière. "S'il y a des impayés, la solution doit être trouvée avec les services sociaux ou par les voies de recouvrement légales", a ajouté l'association de parents d'élèves.
Choquée, la responsable d'un autre établissement scolaire de la ville a pour sa part assuré, sous couvert de l'anonymat, que la policière était une femme "très gentille". "La question est de savoir qui lui a demandé de le faire", a-t-elle déclaré.
Le Snpm-FO, syndicat national des policiers municipaux, par la voix de son secrétaire général, a indiqué que "la policière avait reçu un ordre direct de la mairie" et a "ensuite rédigé une main courante et un rapport selon lesquels elle a agi sur instruction", a ajouté Frédéric Foncel, selon lequel "on est tenus de dénoncer un ordre illégal".
Le père, allé à la rencontre de la policière municipale, estime que celle-ci a "obéi a sa hiérarchie" et a "fait au mieux pour sa fille".
La cantine, qui est gérée par la municipalité d'Ustaritz, se trouve en dehors de l'établissement catholique privé sous contrat d'association avec l'Etat.
Les parents ont la garde alternée de la fillette. Mais le père a engagé une procédure pour récupérer la garde de l'enfant.
En attendant la décision du juge aux affaires familiales, y compris sur les modalités financières de cette garde, aucun des deux parents n'a pour l'instant réglé la dette auprès de la cantine - dont le montant fait par ailleurs l'objet d'une constestation - et Léa ne fréquente plus la cantine, a indiqué son père à l'AFP.
source :planet.fr
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