[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Aaron Swartz lors d'une manifestation contre les projets de loi SOPA et PIPA. Crédit photo Open Knowledge Foundation, licence CC.
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Militant des libertés en ligne et cofondateur de Reddit, Aaron Swartz encourait 35 ans de prison pour avoir réussi à télécharger frauduleusement des millions d'articles scientifiques en accès payant.
Peu connaissaient son nom, mais sa mort a provoqué l'émoi sur Internet. Cofondateur du site de partage social Reddit, et ayant participé à la création du format RSS et de la licence Creative Commons, Aaron Swartz, 26 ans, a été retrouvé pendu vendredi par sa petite amie à son domicile new-yorkais.
Informaticien émérite, Aaron Swartz était aussi impliqué dans la défense des droits des citoyens sur Internet. Fondateur de l'association Demand Progress, qui s'est battue contre les projets de loi américains sur le droit d'auteur SOPA et PIPA, son cheval de bataille était le libre partage des connaissances et de l'information.
Son premier fait d'armes dans l'«hacktivisme» fut la mise à disposition gratuite de millions de documents de justice. En 2008, une opération rendait gratuit l'accès à la base de données PACER de la Cour fédérale américaine dans 17 bibliothèques du pays ; en temps normal, il faut payer quelques centimes par pages téléchargées.
Aaron Swartz en avait profité pour introduire dans l'un des ordinateurs publics un programme de son cru, qui lançait un téléchargement de fichiers toutes les 3 minutes, puis envoyait le résultat sur un site de stockage en ligne. L'hacktiviste aurait dû débourser 1,5 million de dollars s'il avait téléchargé ces documents sous les conditions habituelles. Des poursuites furent lancées par le FBI avant d'être rapidement abandonnées.
Poursuivi pour le téléchargement d'articles scientifiques
Le jeune homme a réussi une opération similaire en 2011, en ciblant cette fois-ci JSTOR, une plate-forme payante de téléchargement d'articles universitaires. Aaron Swartz avait utilisé son compte «invité» à la prestigieuse université MIT pour télécharger la quasi-intégralité de la base de données. Mais, contrairement au cas PACER, ces articles scientifiques ne furent jamais mis à disposition gratuite sur Internet.
La justice américaine l'a pourtant accusé d'en avoir eu l'intention. Bien que JSTOR ait abandonné ses poursuites judiciaires après qu'Aaron Swartz a restitué les documents téléchargés, la procureur du Massachusetts a décidé de poursuivre l'informaticien au pénal. Treize chefs d'accusation ont été retenus contre lui, dont vol, fraude informatique et accès illégal à des informations protégées. Aaron Swartz risquait 35 ans de prison et 1 million de dollars d'amende. Son procès devait débuter en avril.
«Un système judiciaire qui a dépassé les bornes»
Pour les proches de l'activiste, la perspective de ce procès l'aurait conduit au suicide. «La mort d'Aaron n'est pas une tragédie personnelle, c'est le fruit d'un système judiciaire qui a dépassé les bornes. Les décisions prises par la justice du Massachusetts et le MIT ont contribué à sa mort», affirme sa famille dans un message publique sur un site à la mémoire du jeune homme. L'un de ses amis a néanmoins rappelé sur le site BoingBoing que Aaron Swartz était dépressif depuis plusieurs années.
Anonymous a brièvement piraté le site du MIT pour publier un message en hommage à Aaron Swartz. «Ce drame met en lumière la disproportion des peines prévues par la législation américaine contre les crimes informatiques. Oui, les actions d'Aaron étaient sans aucun doute possible de l'activisme politique ; mais elles ont eu des conséquences tragiques», écrit le groupe d'hacktivistes, qui réclame une réforme des lois autour du droit d'auteur et de la propriété intellectuelle.
En réaction au suicide du jeune homme, plusieurs universitaires ont décidé de rendre gratuit l'accès à leurs travaux et de les partager sur Twitter grâce au hashtag #pdftribute. Ironie de l'histoire, JSTOR a annoncé le 9 janvier que 1200 articles de sa base de données seraient désormais en accès gratuit, à raison de trois téléchargements toutes les deux semaines.
SOURCE:Le Figaro:Mis à jour le 14/01/2013 à 15:13 | publié le 14/01/2013 à 11:14
Par Chloé Woitier
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