"Tous les éléments considérés comme des charges ayant justifié le renvoi (devant le tribunal, ndlr) du prévenu n'ont pas emporté la conviction du tribunal et sont insuffisants pour démontrer la culpabilité de Jawad Bendaoud", a déclaré Isabelle Prévost-Desprez, présidente de la 16ème chambre du tribunal spécialisée dans les affaires terroristes. Le parquet, qui avait requis quatre ans de prison, a aussitôt fait appel. Jawad Bendaoud, vêtu du gilet rouge du PSG qu'il portait déjà quand il a rencontré les deux jihadistes comme il l'avait expliqué au début du procès, a salué depuis le box une victime des attentats, Bilal Mokono, blessé par un kamikaze au Stade de France. Cet homme, qui se déplace en fauteuil roulant, avait livré un témoignage poignant lors du procès, qui avait ému le prévenu.
"Jawad, tiens-toi à carreau", a répondu Bilal Mokono. - "C'est fini, je me range", a promis le délinquant multirécidiviste. "La relaxe, pour moi, elle était attendue. Jawad m'a convaincu sur beaucoup d'éléments", a déclaré Bilal Mokono à la sortie du tribunal. Jawad Bendaoud, qui était jugé depuis le 24 janvier pour "recel de malfaiteurs terroristes", a toujours clamé son innocence. "Même pour 150.000 euros, je n'aurais pas hébergé des terroristes", a-t-il dit dans les premiers jours de ce procès hors norme. Celui qui avait été surnommé "le logeur de Daech", et qui fut la risée d'un pays traumatisé, comparaissait pour avoir mis à disposition d'Abdelhamid Abaaoud, l'un des cerveaux présumés des attentats, et de son complice, Chakib Akrouh, un squat où ils s'étaient repliés à Saint-Denis. C'est là que les deux jihadistes sont morts le 18 novembre dans l'assaut des policiers du Raid.
Âgé de 31 ans et détenu à l'isolement depuis 27 mois, Jawad Bendaoud est sorti mercredi soir de la prison de Fresnes, en région parisienne, a indiqué à l'AFP Me Marie-Pompéi Cullin, qui le défendait avec Me Xavier Nogueras.