« Il y avait une époque où j’adorais parler. J’aimais le timbre de ma voix. Elle sonnait en quelque sorte persuasive : une voix chaude, humaine, authentique. Les femmes l’appréciaient. Selon certaines, j’avais une voix et des mains formidables. Des mains si chaudes… Je me demandais alors ce qui n’allait pas avec le reste de ma personne. » Le dernier porc*, d’Horace Engdahl se lit comme une pièce de théâtre. Ce long monologue est une plongée en lui-même d’un homme « malheureusement ordinaire » qui dit ses contradictions et ses ambivalences. Écrivain et dramaturge, Horace Engdahl est membre de l’Académie suédoise du Nobel. Il (son personnage) se livre ici à la vindicte populaire en exprimant la pensée intime et contradictoire d’un homme dont le couple vient d’éclater. Ce moment parfaitement choisi de la post-rupture est le lieu d’expression du refoulement d’une vie, jugements à l’emporte-pièce envers les femmes – dont il vient d’être victime, pense-t-il – envers les hommes aussi, dont il argue les qualités.
Balance ton porc Ce texte, écrit en 2014, vient à point dans un débat qui a aujourd’hui évolué du simple constat des différences à un mea culpa masculin et parfois même malheureusement souvent – à un lynchage sur présomption de culpabilité. « J’aimerais à cette occasion rappeler la phrase qu’on pouvait lire dans une ancienne dissertation d’un écolier : « Si le porc pouvait dire : » Je suis un porc « , il ne serait plus un porc, mais un être humain. » Voilà une vraie perle philosophique. »