Le témoignage engagé et personnel de l'acteur de « Welcome », « La loi du marché » et « En guerre » qui fait partager sa révolte à La Relève.
Dans la rue, on m'arrête souvent. « Oh, je vous adore ! Merci pour ce que vous êtes, merci pour ce que vous faites. » Ils s'adressent sans doute au maître-nageur de « Welcome » qui vient en aide aux migrants. A moins qu'ils ne parlent au vigile de « La loi du marché » indigné par la façon dont on traite les précaires. Ou peut-être au syndicaliste de « En guerre », qui finit par s'immoler par le feu, sacrifice ultime sur l'autel de l'inégalité.
Les passants aussi me donnent le beau rôle : je ne suis aucun de ces héros, mais j'ai choisi de les incarner. Parfois, il s'ensuit un dialogue. J'écoute ces récits de vies souvent difficiles, invivables, même si je sais qu'ils s'adressent plus à mes personnages qu'à moi-même. Problèmes d'accès aux soins médicaux, de scolarisation des enfants, d'hébergement des personnes âgées, d'hébergement tout court, d'emploi, de tout, partout. Toujours, le même sentiment, celui d'un abandon extrême, sournois, toujours contesté mais toujours plus tangible, : qu'est devenu l'Etat puissant et protecteur d'antan ?
Il en faut des voix de ce genre qui soutiennent la population. C'est vrai qu'en général les gens connus ne jouent pas dans la même cours que nous et ils sont nombreux qui sont déconnectés de la réalité en raison du succès et des facilités qui vont avec. M. Lindon n'a pas oublié, et n'a pas les yeux fermés par des oeillères.