Jusque-là, cette pandémie était pour moi virtuelle et j’en suivais l’évolution sur mon ordinateur. Puis, il y a une semaine, elle m’a frappée de plein fouet et elle est soudain devenue réelle : mon père a été testé positif. Il a été contaminé à l’hôpital, alors qu’il était sur le point de sortir après s’être fait soigner pour un autre souci de santé. Il est mort hier [le 20 mars]. Je n’ai pas pu lui dire adieu.
Je suis née en 1980. Ma génération a l’habitude des crises économiques, des réorientations professionnelles, de l’émigration. Nous vivons dans un équilibre de plus en plus précaire. Mais, étant des Européens privilégiés, nous ne savions rien de la guerre. Et encore moins du deuil virtuel. Dans de nombreux pays, des milliers de familles sont privées d’une pratique indispensable aux êtres humains depuis que le monde est monde : faire ses adieux.
Manque cruel de moyens Sur le front, les armes manquent. Comme ceux qui ont dû décontaminer Tchernobyl en 1986, nos personnels soignants sont contraints de travailler sans protection.
En février, nous regardions des photos venues de Chine, où des dépouilles étaient amassées et où des infirmières craquaient face au manque de moyens. Aujourd’hui, nous observons des professionnels italiens avec des sacs-poubelle attachés aux pieds et des médecins français implorant qu’on leur envoie des masques décents – les quelques-uns à leur disposition sont aussi efficaces que des passoires.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] bien respecter les topics aussi j'en ai fait un pots de ton sujet ! merci et attention au plagiat lire la charte