"D’un séjour en hostiles terres septentrionales (les températures peuvent chuter jusqu’à − 60 °C), Caryl Férey avait tiré, avant Lëd, un récit autobiographique sur le mode gonzo, sobrement intitulé Norilsk (Paulsen, 2017). Connaissant l’écrivain, son énergie rock, toujours partant pour l’insolite, sa curiosité, les éditrices de Paulsen, maison d’édition spécialisée dans les récits de voyage et d’exploration, avaient su trouver les mots en face de l’homme pressé, qui devait bientôt repartir en Colombie : « Ça te dirait d’aller dans la ville la plus pourrie du monde ? Norilsk, ça s’appelle : c’est en Sibérie, au-dessus du cercle polaire. Une cité minière qui pollue à elle seule autant que la France ! » Ajoutés à quelques photos, dont l’une du fleuve Ienisseï coloré de rouge par les émanations toxiques du dioxyde de soufre, ces superlatifs suffirent à convaincre l’écrivain. Lui, le fidèle lecteur de la Prix Nobel de littérature biélorusse Svetlana Alexievitch (un extrait de La Fin de l’homme rouge – Actes Sud, 2013 – sert d’exergue à Lëd), affronterait donc, pour la première fois, les grands froids et découvrirait la Russie poutinienne. « J’avais presque 55 ans, l’âge où on meurt à Norilsk, car l’espérance de vie y est très faible », dit-il au « Monde des livres », dans son appartement parisien proche de la Bastille."
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