- Hanaé a écrit:
- Je pense qu’il faut mesurer ses propos. Il n’y a pas d’un côté que des gros lourds et machos et de l’autre des anges incapables de s’exprimer.
Bien évidemment une fois cela dit, cela n’autorise pas tout loin de la et heureusement, mais nous ne sommes pas que des potentielles victimes de la gente masculine.
Ton message est parfait pour aborder 2 sujet super important quand on parle des violences sexistes et sexuelles : tout l'abord la réponse qui dit que "ce n'est pas tous les hommes", et ensuite le reproche de victimisation.
Je vais essayer de faire court...
(je sens que je ne vais pas y arriver)
Quand on parle des violences faites aux femmes, il y a toujours quelqu'un pour apporter la réponse : oui mais tous les hommes ne sont pas des violeurs/agresseurs, etc...
Mais qui a dit le contraire ? personne car c'est une évidence : tout le monde sait bien que ce n'est pas tous les hommes.
Mais en quoi est-ce que c'est une réponse ?
Car la question qui se pose au sujet des violences faites aux femmes, elle porte sur les hommes qui sont violent, pas sur les autres. Et la question de savoir si c'est tous ou pas, elle ne se pose même pas.
Par contre cette réponse est un vrai problème, parce qu'elle fait disparaitre le problème initial : c'est pas tous les hommes, donc de quoi est-ce qu'on se plaint ?
Cette réponse a l'effet pervers de déplacer le problème.
Si un jour vous vous faites voler votre sac et que vous voulez porter plainte, et qu'on vous répondait : "mais ma petite dame, tous les gens ne sont pas des voleurs !"
Bien sur que cela vous agacerait, car ce qui vous intéresse vous, c'est pas "tous les gens", c'est celui qui est potentiellement le voleur pour retrouver votre sac.
Cette réponse est tellement récurrente et problématique qu'elle a été à l'origine d'un mouvement appelé "Notallmen", à force d'entendre cette réponse qui au final, n'a pas de sens.
Réponse qui est devenu tellement banalisé que des personnes de très bonne foi sans penser à mal ressortent cette réponse sans se rendre compte à quel point elle est dangereuse, comme l'est tout ce qui peut faire disparaitre la question des violences faites aux femmes.
Pour nos filles, nos nièces, nos petites-filles, pour qu'elles vivent dans un monde moins agressif, il faut que aujourd'hui on se rende compte que toutes les personnes de la population doivent avoir en tête qu'on ne doit pas profiter du fait qu'une femme est physiquement moins forte pour tenter de la dominer par la violence.
C'est tout. Et cette question ne doit pas être minimisée.
(il faut aussi soutenir les hommes qui se font agressés par une personne plus balaize, mais c'est une autre question)
La seconde question, c'est la victimisation : On reproche toujours aux personnes qui dénoncent les violences faites aux femmes de se victimiser.
Quand on est victime d'un vol, d'une agression, d'un cambriolage et qu'on dénonce ces pratiques violentes et frauduleuse, interdites par la loi, personne ne nous reproche de nous victimiser. Lorsqu'il y a des associations qui se montent pour défendre les victimes de ce genre d'agression, elles sont soutenues sans qu'on accuse de victimisation non plus. Il arrivent même que des personnes qui se font cambrioler disent qu'elle ont l'impression d'être "violées" et là on les plaint, on ne leur reproche pas non plus de se victimiser (pour ma part, j'ai été cambriolée, et sincèrement, je pense que c'est bien moins pire que de se faire violer).
Par contre, quand on dénonce les agressions sexistes et sexuelles, interdites par la loi de la même façon, là on nous reproche de se victimiser. Quand il est question d'associations qui détendent les femmes agressées, elles se victimisent.
Non seulement on reproche à ce type de victimes, et seulement celles là, de se victimiser, mais en plus on cherche en quoi cela pourrait être de leur faute.
Quand on se fait cambrioler, on ne va pas vous reprocher d'avoir une maison bien trop jolie, et que forcément ça provoque l'envie...
2 poids 2 mesures
En fait quand on parle de violences faites aux femmes, on parle de "victime" parce que c'est des victimes, de la même façon qu'on est victime d'un cambriolage.
Ca ne veut pas dire qu'on est toutes des victimes, ni qu'on n'est "que" des victimes, mais les femmes qui se sont faites brutalisées sont des victimes, il n'y a pas d'autres mots...
Là où je ne suis pas complètement d'accord avec toi
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] c'est quand tu dis que "nous ne sommes pas que des potentielles victimes de la gente masculine"
Bien sur, aucune femme n'est "que" ça, mais ça tombe sous le sens. Là aussi à quel moment est-ce que quelqu'un a dit que les femmes n'étaient "que" des victimes ? Jamais
Les associations de défense des femmes parlent de ça parce que c'est leur vocation. On en va pas reprocher à une asso de cycliste de ne parler que de vélo !
Et au contraire, dans tous les discours féministe, il est reconnu que les femmes sont souvent fortes et courageuses, personne n'a dit que c'était des petites choses fragiles.
Mais on n'a beau être courageuse, se retrouver face à un homme de 120 kg qui a envie de violence, on peut ne pas avoir le dessus...
Et le fait qu'on ait été un jour confronté à de la violence et qu'on ait réagit par de la sidération, ce qui arrive parfois, ça ne veut pas dire qu'on est fragile. Ca peut arriver à tout le monde.
Et pour finir, il y a une chose qui est claire, c'est que toutes les femmes, quelle que soit leur condition sociale, leur âge ou leur situation familiale peut un jour être victime de la violence d'un homme. On a vu des octogénaires se faire violer dans leur maison, et même si c'est rare, cela n'est pas inexistant. Tout le monde est concerné...
Voilà, je savais bien que j'allais pas réussir à faire court !