Bataille de mots entre le sommet de l'Etat et celui des entreprises. Le président de la République François Hollande a appelé le président du Medef Pierre Gattaz à la «responsabilité» mardi alors que le Canard enchaîné révèle que celui-ci a augmenté sa rémunération dans son entreprise. Pierre Gattaz, qui dirige l'entreprise de composants électroniques Radiall, s'est octroyé l'an dernier une augmentation de 29%, «bonus compris».
Ce dernier s'est empressé de répliquer sur son blog.
«Il y a un moment où chacun doit être responsable: on ne peut pas demander la baisse du Smic, voire sa suppression, et en même temps considérer qu'il n'y a pas de salaire maximum», a déclaré le chef de l'Etat sur BFMTV-RMC. «Que tout est possible pour ceux qui sont en haut et que rien ne serait possible pour ceux qui sont en bas !», a protesté le président, interrogé spécifiquement sur cette révélation de l'hebdomadaire satirique.
La réponse sans compromis de Gattaz
Cette polémique intervient alors que le président du MEDEF a proposé il y a deux semaines la création d'un salaire transitoire inférieur au Smic et prône une limitation de la hausse des salaires. Pour François Hollande, la hausse de sa rémunération, c'est «un principe contraire aux principes de la République».
La réponse du président du Medef est cinglante et argumentée par des chiffres. Sur son blog, Pierre Gattaz se justifie. «Je n’ai pas de problème à être critiqué ou moqué, et je ne prétends pas que la politique salariale et d’embauche de Radiall soit le nec plus ultra et un modèle à suivre. Mais je crois essayer d’être le plus cohérent possible avec ce que je prône.»
Et il détaille sa position : «Quand j’ai parlé de modération salariale, j’avais précisé qu’elle devait se comprendre en fonction de la situation de l’entreprise. Radiall est en croissance forte et est rentable (tant mieux – croisons les doigts). Appliquer la modération salariale revient donc à limiter (relativement) l’augmentation des salaires, mais à privilégier des outils comme la participation, l’intéressement et les bonus».
Autre solide argument, la rémunération du PDG a augmenté certes de 29%, selon les comptes de Radiall rendus publics (p.89 du rapport), mais cela s'explique par la décision, en 2013, de Pierre Gattaz d'encaisser sa part de salaire variable indexée sur les résultats. Les 2754 salariés du groupe ont connu eux une augmentation de 3,3% de leur salaire fixe.
Enfin, Pierre Gattaz met le président de la République face à ses contradiction car selon lui sa «rémunération en 2013 s’élève donc à 420 K€, dont 102 k€ de variable. Pour mémoire, la limite maximum des salaires des PDG des entreprises publiques a été fixée par l’Etat à 450 K€.»
source:LeParisien.fr