Hollande à mi-mandat. Grandes questions, petites réponses
le vendredi 07 novembre - 14h23 Depuis deux ans et demi, et hier soir encore, il subit. Il subit les scandales publics et les affaires privées, la rigueur européenne et l'impatience sociale, les écologistes et les agriculteurs, les patrons et les frondeurs, son entourage proche et ses rivaux lointains.
Être excellent était d'autant plus impératif que plus d'un Président - Giscard devant les éboueurs, Chirac face à des jeunes, Sarkozy confronté à un syndicaliste - a échoué dans cette épreuve sans filet, sans ménagement.
Le premier risque, en mettant en avant la vie privée, était de déprésidentialiser un peu plus la fonction, déjà dévalorisée par le rythme du quinquennat et le calendrier électoral. Nicolas Sarkozy en avait aggravé les inconvénients. François Hollande les accélère.
S'il est normal de connaître un minimum d'intimité présidentielle, cette idée de renouer avec l'opinion à travers la vie privée, sans vouloir se livrer, d'ouvrir l'émission sur de l'accessoire, paraît pour le moins décalée par rapport aux attentes des Français.
François Hollande lui-même, que l'on a vu agacé par ces intrusions, affecté même par la politique de caniveau, impatient de parler d'autre chose que de lui, de la France qui brille, l'a bien senti. Cette séquence était une erreur.
Déterminé
Le deuxième danger était de se montrer impuissant à répondre aux angoisses des Français.
À un journaliste, on peut répliquer qu'il se trompe. Mais pas à une chômeuse qui veut un emploi pour aller jusqu'à la retraite, et à qui il promet un nouveau contrat aidé par l'État. Ni à l'agricultrice qui voit partir les services publics en milieu rural.
Pas à une chef d'entreprise qui croule sous les charges, et à qui François Hollande répond pacte de responsabilité, simplification. Mais qu'il ne convainc pas que sa politique réduira l'écart de compétitivité avec nos voisins. Ni qu'elle empêchera les entreprises d'aller se réfugier au Luxembourg ou le bâtiment de recruter par centaines de milliers des travailleurs étrangers à bas coût.
Pas à un jeune diplômé à qui il promet non pas un travail, mais un retour possible à l'école ou la création d'un service civique universel. En attendant la croissance, c'est toujours l'État qui paie.
Les réponses du Président semblent soudain trop faibles. Trop lentes pour rassurer. Trop générales pour répondre à des réalités particulières.
Le troisième risque : que dès demain, une fois satisfaite la curiosité suscitée par la réaction de l'animal politique blessé, sa prestation soit un non-événement.
Car il ne pouvait pas annoncer qu'il efface tout et qu'à mi-mandat, il recommence. En confirmant sa politique de rigueur, il entretient la déception à gauche sans apaiser l'incrédulité à droite. Faute de croissance, il ne peut pas promettre la lune fiscale et sociale.
Même s'il n'apporte que des réponses modestes à des questions lourdes, François Hollande, en revanche, s'est montré très ferme, presque fâché que l'on puisse douter de sa capacité à conduire le pays, à redonner de la fierté aux Français à travers les événements mondiaux - le sommet climat, l'Euro 2016, l'Exposition universelle… - qu'il se fait fort de réussir.
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François Hollande vous a-t-il convaincu?
Chômage, croissance : à mi-mandat, François Hollande peut-il inverser la tendance ?
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