Un mois après l’attentat perpétré contre Charlie Hebdo, la fusillade de Copenhague – dans laquelle était probablement visé le caricaturiste suédois Lars Vilks – a jeté un effroi supplémentaire dans le petit monde des dessinateurs de presse. Né en 1967 à Karachi, le Suisse Patrick Chappatte est l’un de ses représentants les plus « internationaux » puisqu’il travaille en anglais pour l’International New York Times (ex-International Herald Tribune), en français pour Le Temps (Genève) et en allemand pour l’édition du dimanche de la Neue Zürcher Zeitung (Zurich) - tout ceci depuis Los Angeles où il vit.
En quoi les événements de ces dernières semaines peuvent-ils avoir influé sur votre travail ?
Beaucoup de gens outre-Atlantique ne comprennent pas l’esprit corrosif et le deuxième degré des dessins à la Charlie. Je ne crois pas qu’on pourra se mettre d’accord sur un sens de l’humour global, commun à la planète. On assiste peut-être au premier conflit de la globalisation, et c’est un conflit culturel.
Vous posez-vous la question de l’autocensure en pensant au risque que représente la parution de tel ou tel dessin ?
C’est évidemment ça, la vraie question. Et au-delà du premier réflexe qui consiste à dire que rien ne changera, au-delà de la posture, la réponse totalement sincère est que je ne sais pas, franchement. C’est une question très personnelle.
La puissance que possède le dessin n’est-elle pas le grand enseignement de ces événements tragiques ? Aujourd’hui, le dessin est devenu un symbole qui dépasse complètement la réalité.
Es-ce que le monde des dessinateurs doivent se censurer ?
Si censure il y a, celle-ci ne risque-t-elle d’être prioritairement décrétée par les organes de presse, davantage que par les dessinateurs ? Le dessinateur de presse n’est-il pas condamné à continuer à provoquer et à déranger, par le rire s’entend, quel que soit le contexte ? Donnez votre opinion ......
Chappatte subit la pression des médias, surtout au moment de la publication des caricatures, Charlie Hebdo faisait « polémique » et ne bénéficiait pas du soutien de toutes ces « bonnes âmes ». Je suis sûr que s’ils peuvent voir tout ce cirque, ça doit démanger les dessinateurs de croquer toute cette belle hypocrisie: « the place to be » et « the thing to do » jusqu’à ce que Facebook relaie une nouvelle cause qui permettent aux gens de se sentir à nouveau gentils et solidaires