La rentrée des libraires commence en mai, avec l’arrivée de ces avant-livres que sont les «épreuves», des textes en cours de correction présentés sous une couverture uniforme de papier blanc. Il y a aussi les réunions organisées pour eux, à Paris et à Lyon, par les éditeurs, qui viennent accompagnés de deux ou trois écrivains.
L’occasion de prendre date avec, par exemple, Carole Martinez ou Colombe Schneck, pour une rencontre en librairie. Et puis les livres affluent. Par dizaines, par centaines. Des mails s’échangent entre confrères, de Brest à Saint-Chély-d’Apcher. Ce sont de «petites fusées éclairantes» qui signalent aux confrères que le nouveau Yves Ravey est «top» ou attirent l’attention sur une pépite.
Leurs 7 romans préférés
LE PLUS GERMANOPRATIN
«La Septième Fonction du langage», de Laurent Binet (Grasset). C’est O.K. Corral après l’assassinat (imaginaire) de Roland Barthes. Une pluie d’éloges sur cette galerie de penseurs revisitée, mais un bémol dû «à un petit côté “Paris Match”».
LE PLUS POLITIQUE
«Entre les deux il n’y a rien», de Mathieu Riboulet (Verdier). Cet auteur très aimé des libraires retrace la violence criminelle des années 1970 et 1980, de Berlin à Bologne et Boulogne-Billancourt. Plébiscité pour «la richesse de la pensée politique» et le style toujours impeccable.
LE PLUS CHABROLIEN
«Sans état d’âme», d’Yves Ravey (Minuit). Dans ce récit «poisseux et prenant» d’une disparition, les libraires entendent avec plaisir la petite musique de Chabrol. Plébiscité «pour sa ligne de tension totale».
LE PLUS ENGAGÉ
Une Antigone à Kandahar», de l’Indien Joydeep Roy-Bhattacharya (Gallimard). Un remake de la tragédie de Sophocle d’autant plus salué qu’il existe peu de romans sur le thème de la guerre en Afghanistan. Marianne Bettinas, de la librairie Passages, à Lyon, recommande «ces 370 pages qu’on ne voit pas passer» sur la vie dans une base américaine depuis le jour où une femme vient réclamer le corps de son frère tué par les Américains.
LE PLUS AMBITIEUX
«Achab (séquelles)», de Pierre Senges (Verticales). En donnant une suite à «Moby Dick», Pierre Senges ajoute 624 pages à la littérature baleinière. «Un roman-château avec beaucoup d’esprit et une langue magnifiquement alerte», selon Thomas Rouill, d’Ombres blanches, à Toulouse.
LE PLUS ROMANTIQUE
«La Carte des Mendelssohn», de Diane Meur (Sabine Wespieser Editeur). Cette plongée dans le romantisme allemand s’accompagne d’une rumeur plus que flatteuse.
LE PLUS CAUCHEMARDESQUE
«Les Loups à leur porte», de Jeremy Fel (Rivages). Ce premier roman sur le visage monstrueux des self-made-men américains fascine les librairies «par sa construction faulknérienne».
BIBLIO OBS
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