La langue bretonne a manqué au 19ème et au 20ème l'étape décisive de l'élargissement de l'enseignement pour avoir une classe moyenne instruite. En 1834, un comité ne retient pas l'idée de s'appuyer sur la langue que parlent les gens pour les amener à la lecture. La question était de pure forme, puisque les élites françaises voyaient, depuis la Révolution, le breton et les autres langues comme un obstacle à l'unité de la France (cela n'a pas changé, voir la tirade de Pompidou et le refus obstiné de ratifier la Charte des langues moins répandues, promesse 56 de François Hollande).
Jusqu'à la mise en place d'un enseignement en breton par Diwan en mai 1977, le fossé était énorme entre une masse brittophone incapable, peu ou prou, de lire de longs textes en breton et une élite intellectuelle, gardienne de la littérature, mais, ne pouvant investir les autres champs culturels et scientifiques, faute d'école.
Aujourd'hui, si le nombre de brittophones s'est beaucoup réduit (de plus d'un million en 1900 à 200 000 aujourd'hui), le tableau est en train de changer, car, les brittophones instruits augmentent et une partie de ceux qui ont acquis la langue par imprégnation familiale tissent des relations avec les jeunes qui sortent des écoles bilingues breton-français.
Le mot communauté est ici employé dans son sens international, marquant ce qui est en commun à des gens, mais qui ne les réduit pas à cela, et non pas dans le sens républicaniste et parisien, méprisant et discriminatoire. Constitutionnellement, la Belgique a trois « communautés (allemande, flamande, française) », la plus fermée aux langues des deux autres étant, et ce n'est pas un hasard, celle de la communauté francophone.
BRETAGNE PRESSE
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